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Thursday, June 23, 2011

Un Président Maladroit Déçu, Que Faire?


Mirvaldy B. Joseph
""Combattre maladroitement pour une juste cause vaut mieux que d'être le redoutable soldat de l'injustice." Horace

Son excellence Mr le président est déçu.  La chambre Basse vient de ligoter son protégé  et Premier Ministre désigné.

D’aucun sont indignés, épatés et choqués de voir l’incompréhensible position bien comprise des 42 Députés rebelles traités de tous noms : corrompus, récalcitrant,  anti pays, anti changement…            

Avec la même hardiesse et l'émotion spontannée qui les caractérisent tous, Un Martelliste arrive jusqu'à dire : « Oooo!!! On a rejeté Rouzier, Oh Mon Dieu! Ce pays n’ira nulle part tant que ces énergumènes  ignorants sans origine,  continuent à avoir la voix haute au chapitre  politique du pays. »   :)    

De ces Énergumènes,  L’exécutif y fait-il parti ?  Au fond,  est-ce qu’il ment?
Je l’ignore mais ce dont j’en suis sûr L’Exécutif est condamné à cohabiter avec cette majorité.  De ce fait, il est pour lui un impératif sage de trouver  un issu honnête et intelligent qui lui permettra de se faire une image de “survivor”,  un profil de lutteur et gagneur qui sait  politiquement vaincre ses adversaires.
Le président doit comprendre que négocier avec une force politique adverse n’a rien de mal et de faible. Négocier c’est la recherche d'un accord, centrée sur des intérêts ou des enjeux quantifiables entre deux ou plusieurs interlocuteurs pour le Bien Commun.  Il doit cesser de voir d’un œil personnel les bras de fer avec le parlement, et  continuer  à lutter pour défendre les Intérêts du pays dans l’harmonie et le respect sans triomphalisme et Arrogance.

La politique moderne est une science de compromis et de dialogue.  L’Exécutif est dans l’obligation de montrer son astuce et intelligence à "prendre control" des situations et gagner des dures batailles face à l’opposition. Il ne doit planer aucun doute sur Sa capacité et sa finesse dans les Négociation et sa volonté Intarissable de  Vaincre avec la Loi et La Constitution doit rester intact.   De ces facteurs,  Sa popularité en dépend grandement.       

A aucun moment, un exécutif ne devrait renier à négocier avec la force majoritaire de son parlement.  Pour son propre Bénéfice et celui du pays, la sagesse aurait conseillé de cesser de parler d’eux comme s’il s’agissait d’un groupe de rebelles armées (et ce, même s’il serait le cas).  Ils sont, tout aussi que lui, des élus. Ce  qui insinue qu’ils sont des gens que l’on veuille ou non, qui jouissent d’une certaine confiance de la part d’une partie « petite ou grande » de la population.  Le président  doit en l’occurrence, un certain respect et élégance dans la façon de traiter avec ses délégués, d’ailleurs son succès en dépend.  L’heure ne peut plus être à l’arrogance et au « gwo ponyèt ».
Les principes  inscrits dans la constitution Haïtienne assurent : " l'égalité entre l'Exécutif et le Législatif, la coopération entre ces deux pouvoirs, l'existence de mécanismes d'actions réciproques de chacun des pouvoirs sur l'autre." Car il y a lieu de comprendre que La collaboration entre ces deux pouvoirs ne laisse pas d'espace à la subordination mais à l'entente.   
D’autant plus, ce serait absolument une mauvaise et très mauvaise posture pour un Exécutif en faiblesse numérique de parlementaires.  Avec une telle position, vous vous érigez en « Preneur de Leçon »,   et conférant à l’opposition un statu supérieur bien mérité de « Donneur de Leçon ». 

Alors, il incombe à Son Excellence de jouer son instinct de leader et de « winner » pour  vaincre les diables ou dieux qui empêchent la sortie du soleil de ses Promesses.

Il faut savoir dialoguer, négocier intelligemment.  Négocier n’a rien a voir  avec "Liquider", mais Vaincre subtilement ses adversaires dans les limites de la constitution, de la Loi, du Dialogue, de la dialectique et surtout dans le respect réciproque.   

« Le discours fatiguant,  basant sur "l’opposition qui empêche" ne fera pas long feu et serait loin un motif  justifié  pour l’échec d’un gouvernement. »

Enfin, gare à Lui s’il envisage de dissoudre le parlement pour la simple bonne raison que ce dernier oppose trop dur à ses démarches.  Seul un président lâche,  sans leadership, sans capacité  de convaincre et de surmonter les difficultés du pouvoir pose de tels actes.  Un président intolérant et médiocre.  Des adjectifs que je n’espère  Qualifier “Son Excellence”. 

Dissoudre le parlement sous prétexte qu’il vous empêche de poursuivre votre but est une tricherie fantaisiste, une violation de la constitution que je ne souhaite voir coupable ses apôtres du Changement.  
« L'article 111. 8 de la Constitution Haïtienne stipule: " En aucun cas la Chambre des Députés ou le Sénat ne peut être dissous ou ajourné, ni le mandat de leurs membres prorogé." »

Bien que Ferme, J’attend plus d'élégance  et moins d’arrogance dans la volonté de vaincre et de Changer du président de la République. Sa capacité de gagner contre vents et marrées est en Doute, et sa maladresse de plus en plus évidente…
« Be a Winner  Mr  President. Be Smarter »

Le Changement doit cesser d’être un Mot qu’on répète pour devenir des actions qu’on pose. Agissons différemment de l’ancienne Ecole.
Et le jour où les compromis et les ententes politiques ne déboucheront plus  sur la violation de la Constitution. Le Changement  Tant espéré sera dans nos Murs.  Hmmm! 
 Je doute encore qu’il est prêt !

Mirvaldy

Friday, June 10, 2011

Haiti, vrai chef-d’œuvre d’artistes postmodernes...


Par Daly Valet

Le Matin: 10 au 16 juin 2011


C’est un truisme de dire que nous sommes un peuple extraordinaire. En fait, un peuple assez spécial sur notre île magique. C’est notre petit coin de terre à nous, détaché en tout du reste du monde. On peut en user et en abuser. Au nom d’un certain droit dit souverain. Comme si tout était élastique et extensible à l’infini. Nous vivons tout dans le merveilleux et l’onirisme. Le futur, c’est hier. Le passé, c’est déjà demain. Ici, c’est le temps qui n’existe pas. On se la coule douce dans une insouciance toute primitive. Le chronographe qui enregistre les durées et marque la fuite du temps n’a pas été inventé pour nous. Il y a le temps haïtien et le temps humain réel. Nous avions inventé un monde dans le monde. Et, dans ce petit monde bien à nous, taillé sur mesure, c’est comme une fierté de susciter l’émerveillement chez le visiteur venu d’un autre monde. Notre palmarès est tellement impressionnant.

Peuple d’artistes et de braves. Ingénieux. Lors d’un certain passé, nous avions pu même vaincre la Grande Armée de Napoléon. Première république noire. Nous résistons aux intempéries. Nous construisons nos demeures n’importe où et n’importe comment. Nous défions toutes les lois humaines et naturelles, notamment celles de la pesanteur, de la résilience et de la tolérance face à l’intolérable. Unique PMA des Amériques, nous avons encore des ressources naturelles à dilapider et des trésors humains à sous-exploiter. Nos villes, ce sont des bidonvilles. Nos forêts ? Ce sont désormais des déserts sauvages en nette progression. Nos enfants de famille, nos jeunes, c’est aujourd’hui cette petite armée en guenilles et désœuvrée de nos rues. Nos dirigeants, des protecteurs ? Ce sont justement les loups du troupeau. N’est-ce pas extraordinaire pour un peuple d’avoir réalisé autant en si peu de temps d’existence ? De la perle mythique à la peau de chagrin, il faut le faire.



Il y a vraiment lieu d’en être fiers. Les générations gouvernantes actuelles ont poussé notre génie créateur si loin qu’elles réussissent souvent le tour de force de transformer les bisbilles de clans en motifs sérieux de conflits interminables très couteux pour la nation. La présente crise constitutionnelle en est un échantillon. L’apport des uns et des autres en fait une œuvre collective. Un vrai chef-d’œuvre d’artistes postmodernes. Ils sont autant beaux et élégants que l’œuvre elle-même.

Imaginez un René Préval qui n’avait, en tant que président, que cette révision constitutionnelle à offrir à l’histoire comme réalisation majeure. Une révision justement qu’il appelait de ses vœux inlassablement, et qui, reconnaissons-le, constitue une contribution majeure, et tout à son honneur, dans le processus d’institutionnalisation démocratique en Haïti. Imaginez ce même Préval qui, dans sa légèreté légendaire de chef d’État, a tout fait pour noyer son propre bébé durant ses dernières heures au palais national. A trop vouloir jouer avec le temps, notamment en l’instrumentant pour rendre ineffective toute dissidence et placer ses adversaires devant le fait accompli de ses blitz fatals; et pour avoir fait de la révision une affaire personnelle, il a publié, le 13 mai 2011, dans le journal officiel de la république, Le Moniteur, un texte soi-disant final qu’il semble n’avoir pas soumis à une relecture patiente et experte, truffé d’erreurs et d’incohérences, en plus d’être jugé non conforme au document adopté, le 9 mai, par le Parlement en Assemblée Nationale. Depuis, cette question de révision constitutionnelle, qui, en d’autres lieux, aurait constitué une formalité régulière, limpide et légitime, s’est muée en marécage infect. En mutant insensé, chacun y patauge, laid et indigne. Préval se tait alors qu’il a des comptes à rendre sur ce qui s’est réellement passé le 13 mai 2011 quand il devait transmettre le texte de la révision aux Presses Nationales. Certains silences relèvent souvent de complots mafieux. Les assemblées de sénateurs et de députés ne savent même plus quel texte correspond vraiment au document final qu’elles avaient adopté. Ceux, parmi les parlementaires, qui devraient nous dire la vérité, rien que la vérité, s’épuisent à semer le trouble dans nos esprits, à déparler, à se chercher des boucs émissaires et de fausses circonstances atténuantes pour excuser leurs forfaitures multiples. Dans tout cela, le président Martelly continue à trainer les pieds sur la question par de vraies fausses solutions. Il ne fait qu’embrouiller les choses depuis l’échec de la tentative de son camp visant à faire inclure, dans la révision constitutionnelle, le principe de deux mandats présidentiels consécutifs. Des voix crédibles lui prêtent même l’intention de dissoudre le Parlement et de vouloir une refonte complète de la Constitution de 1987 au travers d’une Assemblée constituante. Ruses. Manœuvres déloyales. Complots. Projets anti-démocratiques. Et ce chef-d’œuvre de crise constitutionnelle continue. Une simple révision constitutionnelle transformée outrageusement, et par enchantement, en crise d’État et en grand poker menteur. N’est-ce pas extraordinaire la force de la magie haïtienne et l’ingéniosité de nos politiciens prestidigitateurs? Même nos « experts » en droit constitutionnel sortent aussi des pigeons fabuleux de leurs chapeaux pour faire durer le spectacle.

Le cirque a trop duré. Nos pitreries aussi. Nous ne sommes pas aussi beaux et extraordinaires que nous pensons l’être dans le monde réel des gens normaux. Il nous faut la constitution amendée. L’institution du Conseil constitutionnel, et celle du Conseil supérieur du Pouvoir judiciaire, constituent des avancées démocratiques et institutionnelles majeures. L’une nous évitera les crises institutionnelles d’attributions et les cafouillages dans l’interprétation de la constitution. Avec l’autre, le Pouvoir judiciaire cessera d’être le vassal de l’Exécutif. Ces innovations ne sauraient attendre encore cinq ans avant de devenir opérantes. Elles sont nécessaires aujourd’hui plus qu’hier.

Le vrai chef-d’œuvre, en fait, ce sera une Haïti bien gouvernée, expurgée de ses faux artistes, forgeurs de fausses œuvres et de vraies crises d’État ridicules. 

D.V.

Sunday, June 5, 2011

"SECRET HISTORY" OF U.S. BULLYING IN HAITI




DemocracyNow.org - The Nation magazine, in partnership with the Haitian weekly newspaper, Haïti Liberté, has launched a series of reports based on more than 19,000 classified U.S. diplomatic cables released by WikiLeaks. Democracy Now! interviews the report authors, Kim Ives and Dan Coughlin, both longtime Haiti correspondents. Called "The PetroCaribe Files," the series begins with an exposé of how the United States—with pressure from Exxon and Chevron—tried to interfere with an oil agreement between Haiti and Venezuela that would save Haiti, the poorest country in the Western Hemisphere, $100 million per year. "It is really amazing to see an ambassador pushing around a president, and all his officials telling them what to do, trying to tell them what Haiti's interests are. It is the epitome of arrogance," says Ives. For the podcast, transcripts and for Democracy Now!'s vast news archive on reports about Haiti, visit http://www.democracynow.org/2011/6/3/wikileaks_cables_reveal_secret_history_of FOLLOW DEMOCRACY NOW! ONLINE: Facebook: http://www.facebook.com/democracynow Twitter: @democracynow Daily Email News Digest: http://www.democracynow.org/subscribe Please consider supporting independent media by making a donation to Democracy Now! today, visit http://www.democracynow.org/donate/YT

Saturday, June 4, 2011

La Primature et la Présidence d’Haïti dans le Théâtre de l’Absurde

Par Castro Desroches

« Effrayante et ridicule à la fois cette créature étrange, jamais avare de grossièretés, nous entraîne dans une rocambolesque farce où l’on rit mais où l’on frémit aussi… » (Nadia Ettayeb, introduction de Ubu Roi)

« Martelly n'a qu’à se mettre au boulot et cesser d'emmerder les gens avec ces trouvailles stupides ». C’est ainsi qu’a réagi un internaute, sur le site de Radio Caraïbes, à l’occasion de la dernière bouffonnerie du Président cousu de fil rose. Au fil des jours, Micky Martelly qui ne fait pas dans la dentelle révèle aux fanatiques et confirme pour les sceptiques qu’il est loin, très loin d’avoir l’étoffe d’un chef d’État. Tiré à quatre épingles, il demeure un Président de pacotille dans un pays zombifié, accoutré de haillons roses. 


Le Premier ministre désigné accorde sa première interview à... Micky Martelly. Daniel Rouzier, qui est un homme éclairé (il a sa propre compagnie d’électricité) aurait pu protester. Sans tambour ni trompette, il aurait pu apprendre au musicien parvenu que cela ne se passe pas ainsi dans les « pays civilisés ». Il a malheureusement accepté de participer à la mascarade et s’est placé dès le départ dans une situation ridicule, indigne de son statut de super patron.
Presse renvoyée à l’encan. Rôle de second plan. Sur le petit écran : le Chef suprême, devenu derechef journaliste, en train d’interviewer son PM sous les yeux amusés des caméras de la Télévision Nationale d’Haïti.


D’après la Constitution haïtienne, le Premier ministre est le chef du gouvernement. S’il est ratifié par la Chambre, M. Rouzier saura-t-il faire face aux demandes incongrues et loufoques de l’Homo Erectus ? Saura-t-il s’imposer face aux pulsions primitives de ce spécimen décadent de l’Homo Papadocus ?
Appel de la jungle ? Pitit tig se tig. Daniel Gérard Rouzier est le fils du tristement célèbre Gérard Raoul Rouzier, ancien Ministre de Baby Doc et signataire de la loi de censure (9 mai 1979) contre les représentations artistiques. Il a donc de qui tenir. C’est un échantillon authentique de l’oligarchie haïtienne : putschiste, monopoliste et brasseuse d’affaires louches. A la séance de ratification, les parle/menteurs devraient se pencher attentivement sur les redevances de Daniel Rouzier envers le fisc haïtien au cours des sept dernières années. Avant d’essayer de gruger la diaspora, la lumpen bourgeoisie haïtienne devrait apprendre à payer ses propres taxes. 


Pour couper court aux critiques acerbes et aux papotages qui ont la tête dure en Haïti, le Président « tête calée » a pris en main la sortie médiatique de son PM. Faisant très peu cas de la Presse locale, il a décidé d’avoir, lui-même, en grande première, un tête-à-tête télévisé avec Daniel Rouzier. Spectacle de soap-opera d’un chef d’entreprise masochiste en train de postuler à un poste dans un bordel de banlieue dirigé par Sweet Micky. 


Les salles de spectacle sont fermées dans la République de Port-au-Prince. Prochainement sur grand écran ? Pas même un film muet ou en noir et blanc. On aurait bien aimé voir Le Grand Dictateur de Charlie Chaplin pour se dérider un peu sur ce qui se passe en Haïti. La comédie du pouvoir comme seule distraction possible et imaginable. Voisine Violette viens voir. C’est surréel ce que je vois là dans le trou de la serrure. Pourvu que ça dure deux heures, sans interruption, sans aucune coupure de courant.


Cinéma gratuit pour les curieux dans l’incurie collective. Cauchemar en rose. Film d’épouvante et de catastrophes en slow motion. L’horreur est sortie de l’écran pour s’installer confortablement dans le quotidien. Ailleurs, la fin du Monde prévue pour le 21 mai, a été renvoyée à une date ultérieure. Ici, c’est déjà l’enfer. Appel local à Lucifer.


En moins de deux semaines, Micky Martelly a bien affiché les signalements cliniques de la mégalomanie. A défaut de pouvoir être, il est en mal de paraître à tout bout de champ. Il est tout et partout à la fois. Inaugurations quotidiennes taillées sur mesure. Aucun ruban n’échappe aux ciseaux du nouveau bozo national. Chef suprême, journaliste, polémiste, baladeur, balayeur de rues, amuseur public, ministre de l’éducation, de la défense, de la santé, etc. En tant que rédacteur en « chef », Micky a donné toute la mesure de son talent. Des discours officiels discordants, décousus, emmaillés de fautes dans les deux langues officielles. Par charité chrétienne, les journaux en Haïti devraient corriger les allocutions et les divagations de Micky Martelly avant de les publier. Il y va de l’image du pays tout entier.


M. Daniel Rouzier doit se présenter bientôt devant la Chambre en vue de déballer ce qu’il a dans son macoute. Le concubinage entre le créole et le français donne parfois des contresens tout à fait indépendants de ma volonté. Toutefois, les pratiques macoutiques ont commencé avant même la validation des pouvoirs de Daniel Rouzier. A Delmas, déguerpissement matinal et musclé des victimes du séisme, refugiés sous les tentes. Ceux qui candidement ont voté Micky Martelly commencent déjà à ressentir les contrecoups. A travers le Maire de Delmas, l’ancien putschiste est déjà engagé dans les coups fourrés contre la population. Evidemment, il a cherché à se dédouaner sans toutefois condamner ce ratiboisage arbitraire et imprévu. 


Chassé-croisé de négociations pour le partage du pouvoir. Députés, Sénateurs, sinécuristes, affairistes, trafiquants d’influence, dealers, parle/menteurs, affameurs, grands mangeurs, tous les corrompus rompus à l’art de bien magouiller attendent impatiemment. M. Rouzier parle déjà avec la confiance d’un homme qui se sent soutenu par Washington. Parmi ses projets, il y aurait la fermeture du Ministère à la Condition Féminine. Ce gouvernement est très mal placé pour prendre une telle initiative quand on sait que Micky Martelly a une solide réputation de phallocrate pervers et sadique. Dans un pays où les femmes sont constamment abusées et où l’on vient d’élire un individu dérangé dont la seule présence et le discours (byen bande, byen kale) sont susceptibles d’encourager les violeurs, le Ministère à la Condition Féminine est plus que jamais indispensable. 


M. Rouzier est un entrepreneur à succès. Dans l’univers ténébreux d’Haïti, il est un grand électrificateur et le courant passe très bien entre Micky Martelly et lui. Il est concessionnaire de voitures. Le Président Micky Martelly est d’avis que chaque jeune haïtien soit à même d’acquérir une petite voiture. Il est Président du Conseil à Food for the Poor. Il a tout ce qu’il faut pour satisfaire les goûts des élus d’un peuple à qui on refuse tout. Même le droit de prendre refuge près des égouts.
Un poste au Parlement ? Ticket à l’enrichissement et à la grande bouffe. On s’attend à ce que Gérard Rouzier (qui s’y connaît bien en alimentation) apporte sur la table des négociations un plat de résistance                                                                                                                                                                                                                                                                                                                         e très copieux, de l’argent liquide dans des portefeuilles ministériels et des pots-de-vin en vue de faire digérer son dossier.


Dans la platitude des séances de ratification, rien n’est gagné d’avance. On connaît, en effet, l’appétit gargantuesque et le caractère théâtral des parle/menteurs. Double langage, chantage, marchandage, accrochages, ventes aux enchères, dilatoires, réclamations, contorsions. Retournements acrobatiques et airs maussades sous les pressions de l’Ambassade. Autant de pitreries qui sont sources intarissables de calembours et de palabres tête en bas dans une langue bâtarde. Le Master vient d’annuler les Visas qui permettent de Discover American Express. Dieu merci, mon nom ne figure pas sur la liste. Les Lambert croyaient pouvoir bêtiser avec le Blanc, jouer au master brain. On a déjà préparé des Green Cards roses pour la résidence permanente dans les prisons US pour ceux qui veulent donner le carnet. 


Carte de visite de Rouzier : catholique bon chic bon genre. Homme très pieux qui prie matin, midi et soir. Mais qu’est-ce qu’il vient chercher dans ce merdier ? Pardon my French. En effet, quel citoyen honorable, en pleine possession de ses facultés, voudrait s’associer à un personnage aussi crapuleux que Micky Martelly ? Voire l’accepter sans nécessité comme « Chef suprême ». S’humilier publiquement en appelant Micky « Président » sans éclater de rire. Comment réagir lorsque Micky Martelly à l’occasion d’une inauguration trouve moyen de comparer un immeuble à un phallus en érection. « byen bande, byen kale. » Voilà à quoi nous en sommes réduits aujourd’hui. Comment donc concilier la piété dont se réclame Rouzier avec la gouaille pornographique de Micky Martelly ? Le pouvoir, dit-on souvent est le plus grand aphrodisiaque. En Haïti, il exerce souvent une attraction irrésistible. A sa décharge, on pourrait signaler que M. Rouzier a hésité pendant trois ou quatre mois (c’est Micky qui l’a dit) avant de céder à la tentation. Cela signifie peut-être qu’il y a encore en lui, caché quelque part, quelques scrupules.


Pour son bonheur, M. Rouzier a trouvé un défenseur intéressant (à défaut d’être intéressé) en la personne d’un ancien condisciple de St Louis de Gonzague. Ce dernier qui cumule les titres de « professeur », « d’historien » et « d’ethnologue » nous apprend des choses intéressantes sur l’économie politique du sous-développement intellectuel : « La richesse étant une grâce divine, nous invitons nos frères et sœurs haïtiens à s'enrichir par le travail bien fait, par l'amour du prochain. » Avant le déguerpissement de toutes les victimes du séisme, nous espérons que ce théoricien génial aura le temps d’aller sous les tentes enseigner à nos frères et sœurs comment acquérir ce « travail » et cette « richesse ». Ce serait autant de gagné pour le pays. 


Micky Martelly est en train de créer, à un rythme accéléré, les conditions favorables à une chute précipitée dans la poubelle de l’Histoire. Cette fois, la pintade duvaliériste risque de suffoquer dans l’œuf avant même de prendre son envol. La dictature en gestation va faire face à de grandes vagues de contestation. A commencer par les sinistrés du séisme chassés illégalement de leur camp à six heures du matin par les barbouzes de la Mairie de Delmas. Passez les prendre et ils passeront vous chercher. Si vous voyez dans la foule Sweet Micky (en talons quiquites) en train d’insulter Michel Martelly, gardez votre distance mais n’en soyez pas étonné. Haïti est le pays du cauchemar et de l’illusion d’optique.

Castro Desroches
Cdesroches2000@aol.com

Superbe réponse du ministre brésilien de l'Education au Sujet de l'internationalisation de l'Amazonie


La presse nord-américaine a refusé de publier ce texte.
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                                                                                                           Pendant un débat dans une université aux États-unis, le ministre de l'Éducation Cristovam Buarque, fut interrogé sur ce qu'il pensait au sujet de l'internationalisation de l'Amazonie.

Le jeune étudiant américain commença sa question en affirmant qu'il espérait une réponse d'un humaniste et non d'un Brésilien.
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Réponse de M. Cristovam Buarque:
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En effet, en tant que Brésilien je m'élèverais tout simplement contre l'internationalisation de l'Amazonie. Quelle que soit l'insuffisance de l'attention de nos gouvernements pour ce patrimoine, il est nôtre.
En tant qu'humaniste, conscient du risque de dégradation du milieu ambiant dont souffre l'Amazonie, je peux imaginer que l'Amazonie soit internationalisée, comme du reste tout ce qui a de l'importance pour toute l'humanité. Si, au nom d'une éthique humaniste, nous devions internationaliser l'Amazonie, alors nous devrions internationaliser les
réserves de pétrole du monde entier.
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Le pétrole est aussi important pour le bien-être de l'humanité que l'Amazonie l'est pour notre avenir. Et malgré cela, les maîtres des réserves de pétrole se sentent le droit d'augmenter ou de diminuer l'extraction de pétrole, comme d'augmenter ou non son prix.
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De la même manière, on devrait internationaliser le capital financier
des pays riches. Si l'Amazonie est une réserve pour tous les hommes, elle ne peut être brûlée par la volonté de son propriétaire, ou d'un pays.
Brûler l'Amazonie, c'est aussi grave que le chômage provoqué par les décisions arbitraires des spéculateurs de l'économie globale. Nous ne pouvons pas laisser les réserves financières brûler des pays entiers pour le bon plaisir de la spéculation.
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Avant l'Amazonie, j'aimerai assister à l'internationalisation de tous les grands musées du monde. Le Louvre ne doit pas appartenir à la seule
France.
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Chaque musée du monde est le gardien des plus belles oeuvres produites par le génie humain. On ne peut pas laisser ce patrimoine culturel, au même titre que le patrimoine naturel de l'Amazonie, être manipulé et détruit selon la fantaisie d'un seul propriétaire ou d'un seul pays. Il y a quelque temps, un millionnaire japonais a décidé d'enterrer avec lui le tableau d'un grand maître. Avant que cela n'arrive, il faudrait internationaliser ce tableau.
Pendant que cette rencontre se déroule, les Nations unies organisent le Forum du Millénaire, mais certains Présidents de pays ont eu des difficultés pour y assister, à cause de difficultés aux frontières des États-unis.
Je crois donc qu'il faudrait que New York, lieu du siège des Nations unies, soit internationalisé. Au moins Manhattan devrait appartenir à toute l'humanité. Comme du reste Paris, Venise, Rome, Londres, Rio de Janeiro, Brasília, Recife, chaque ville avec sa beauté particulière, et son histoire du monde devraient appartenir au monde entier.
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Si les États-Unis veulent internationaliser l'Amazonie à cause du risque que fait courir le fait de la laisser entre les mains des Brésiliens, alors internationalisons aussi tout l'arsenal nucléaire des États-unis.
Ne serait-ce que par ce qu'ils sont capables d'utiliser de telles armes, ce qui provoquerait une destruction mille fois plus vaste que les déplorables incendies des forêts brésiliennes. Au cours de leurs débats,
les actuels candidats à la Présidence des Etats-Unis ont soutenu l'idée d'une internationalisation des réserves forestières du monde en échange d'un effacement de la dette. Commençons donc par utiliser cette dette pour s'assurer que tous les enfants du monde aient la possibilité de manger et d'aller à l'école.
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Internationalisons les enfants, en les traitant, où qu'ils naissent, comme un patrimoine qui mérite l'attention du monde entier. Davantage encore que l'Amazonie.Quand les dirigeants du monde traiteront les enfants pauvres
du monde comme un Patrimoine de l'Humanité, ils ne les laisseront pas travailler alors qu'ils devraient aller à l'école, ils ne les laisseront pas mourir alors qu'ils devraient vivre.
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En tant qu'humaniste, j'accepte de défendre l'idée d'une internationalisation du monde. Mais tant que le monde me traitera comme un Brésilien, je lutterai pour que l'Amazonie soit à nous. Et seulement à nous!!