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Thursday, November 22, 2012

En marge du dossier Clifford Brandt junior (DEUXIÈME PARTIE)

Par Leslie Péan

Publié le mercredi 21 novembre 2012

La bourgeoisie nationale haïtienne a été victime du racisme international dès 1804. Elle est la victime des préjugés disséminés par l’Occident blanc et qui se manifestent dans ce que Laennec Hurbon nomme « le barbare imaginaire » (1). Depuis Thomas Jefferson, la puissance américaine refuse à Haïti la constitution d’une marine marchande pour exporter ses denrées (2). C’était la manière d’assurer la suprématie des négociants consignataires étrangers, en majorité américains, qui constituent l’essence de la bourgeoise installée dans la dizaine de ports ouverts au commerce extérieur. La bourgeoisie haïtienne n’a jamais pu s’affranchir de ce carcan malgré ses tentatives de constitution de firmes commerciales (1821) et industrielles (1861) avec Bien-Aimé Rivière (1863), armateur, propriétaire d’un atelier de fabrication de pièces de rechange pour les bateaux employant 120 ouvriers, et enfin d’une usine à glace avec son associé Alexandre Tate.

En outre, la bourgeoisie nationale devra subir les assauts du colorisme dans ses deux versions mulâtriste et noiriste. Lesquels assauts participent du même imaginaire aliénant de la sauvagerie. Elle a beau gémir, pleurer, vociférer et hurler, elle n’est pas épargnée par les coups de boutoir de ces deux faces de la médaille du néant haïtien. Le nain satanique ne veut pas d’elle, qu’il s’appelle Boyer, Boisrond Canal, Salomon ou Duvalier. Tout son drame est dans cet imaginaire raciste qui détruit sa terrible envie d’être aimée. L’État marron est son assassin et ne veut pas de son amour. Le filet de protection inscrit dans l’article 7 de nos Constitutions du 19e siècle contre le capital étranger lui a filé entre les doigts dans la Constitution de 1889. Les étreintes de 1876 sous Boisrond Canal ont dégénéré dans les combats de rues, notamment la Bataille de la rue Pavée, qui conduisent à la démission de Boisrond Canal en 1879.

Les massacres de 1883-1884 et la guerre civile de 1902 ont vu les protagonistes s’empoigner dans un monde sans foi ni loi. La victoire de prébendiers a alors scellé le tout et mis Haïti en état de survie jusqu’à l’occupation de 1915. La transmission du savoir des prébendiers se fait sans failles d’une génération à l’autre. L’apprentissage de la magouille commence à la mamelle, dans un décor presque surréaliste où se retrouvent noiristes et mulâtristes. L’exemple achevé de cette connivence est bien Frédéric Marcelin, diplomate, député du Parti National, protégé de Septimus Rameau, cinq fois ministre des Finances de 1892 à 1908, c’est-à-dire du gouvernement d’Hyppolite à celui de Nord Alexis. Frédéric Marcelin est le prototype de la classe politique du pouvoir d’État qui, en dépit de sa vaste culture et de sa formation de technocrate, a abusé sans réserve des privilèges liés à son statut de grand commis de l’État.

Après la bonne gestion d’un Anténor Firmin qui, sous le gouvernement d’Hyppolite, diminue la dette haïtienne à 4,4 millions de dollars US en 1891, ses successeurs, dont Frédéric Marcelin, la font augmenter à plus de 25 millions de dollars US en 1895. Les dommages seront irréversibles. Dans la foulée, on assiste à la dégradation dramatique et systématique des finances haïtiennes conduisant aux emprunts extérieurs de 1896, puis de 1910. Frédéric Marcelin symbolise cet âge d’or de la bourgeoisie d’État qui transmet de génération en génération le sens de la grande corruption et de la régression.

Le dispositif du saccage est multiple, mais s’articule toujours autour de l’utilisation des finances publiques à des fins personnelles par les potentats du moment. Dès 1885, sous le président Salomon, Frédéric Marcelin se retrouve concessionnaire de l’État, qui lui garantit l’achat de quatre bateaux devant assurer le transport le courrier sur le territoire de la République. Non seulement ces bateaux ne seront jamais payés, ils seront détournés de leur fonction et utilisés pour le transport de marchandises et de passagers au profit du concessionnaire Frédéric Marcelin.

C’est encore avec un autre bateau L’Alexandre Pétion que Frédéric Marcelin engrange en 1893. L’obsession de l’argent pousse au crime. L’imaginaire politique veut que le bateau transportait des caisses d’or pour payer une dette contractée par le président Hyppolite auprès du président dominicain Ulysses Heureaux (3). On ne sait trop comment ni pourquoi, mais L’Alexandre Pétion explosa en pleine mer près de Tiburon (4). C’était un bateau neuf qui venait d’être construit au Havre et acheté par Frédéric Marcelin, alors ministre des Finances, pour la rondelette somme de 250 000 dollars américains deux mois plus tôt. Les présumées caisses contenant de l’or, au lieu de couler au fond, flottèrent. L’arsenal des procédés utilisés pour arnaquer la population d’Haïti n’a pas de limites. Périrent dans cette explosion les 80 membres de l’équipage, le ministre dominicain en Haïti, Molini, et d’autres personnalités diplomatiques qui allaient négocier un traité entre Haïti et la République Dominicaine.

Les morts furent pleurés. La vision magique de la politique épingla Frédéric Marcelin en répandant l’idée qu’il avait organisé lui-même l’explosion du navire. Refusant toute vision à court terme, Frédéric Marcelin encaisse, prépare sa sortie en attendant de revenir au même poste en 1905. Dans l’intervalle, il s’en va dépenser son pactole aux Folies Bergères, aux casinos de Paris et de Monte Carlo qu’il fréquentait assidument (5). Au final, les luttes politiques entre les fractions des élites ont pénalisé le capital national qui n’a pas pu se développer à cause de l’endettement original de 1825 et des dettes subséquentes de 1875, 1896, et 1910. Notons que c’est particulièrement la mauvaise gestion des finances publiques qui bloque le développement de la bourgeoisie nationale. En 1915, la dette cumulée auprès des créanciers avait atteint 25 millions de dollars US. Cette dette était financée par une taxe à l’exportation de 3 dollars US par cent livres de café. De cette taxe, 2,53 dollars étaient prélevés pour payer les emprunts de 1875, 1896 et 1910 et 28 centimes pour payer les emprunts intérieurs dont les fameux BON-DA du gouvernement de Davilmar Théodore. Il ne restait donc que 19 centimes américains au gouvernement haïtien pour ses dépenses courantes. Les rouages grinçants de la machine financière étatique, en commençant avec les détournements et malversations de Boyer et de Salomon, ont donc asséné un coup mortel à la bourgeoisie nationale. Le cycle de dettes a continué en 1938 et 1943 (notamment avec le scandale de la SHADA), bloquant toute accumulation nationale.

La société haïtienne a reproduit la société coloniale d’ancien régime caractérisée par l’octroi de droits et privilèges aux classes et catégories sociales situées au sommet de la société et par l’absence de ces mêmes droits pour le reste de la population. On l’a vu aux États-Unis avec les Blancs pratiquant la démocratie entre eux, tout en la refusant aux Noirs. Ce fut aussi le cas en Afrique du Sud pour les Noirs du temps de l’apartheid. La bourgeoisie en Haïti s’est vite confondue avec les rentiers provenant de l’État et des propriétés foncières acquises en saisissant les biens fonciers laissés par les anciens colons.

Anéantissement de la bourgeoisie nationale

Les éclopés de 1883-1884 n’auront plus la possibilité de remonter la pente. Le savoir-faire et les capitaux qu’ils avaient accumulés manqueront terriblement à la politique de grands travaux inaugurée par le président Hyppolite une décennie plus tard. Il y aura d’excellentes occasions d’affaires au cours de la fin de siècle. Mais, sauf quelques exceptions, les entrepreneurs boulimiques et les gestionnaires feront défaut. Le naufrage de 1883-1884 a fait vaciller pour de bon les structures de la bourgeoisie nationale. Haïti paiera très cher l’erreur stratégique du président Salomon de confier la gestion de finances haïtiennes à la Société de Crédit Commercial et Industriel en 1880. L’alliance de Boisrond Canal et de Nord Alexis ne produira que des fruits secs. Le premier étant sourd à toute politique contraire aux intérêts des Allemands et le second, aveugle dans sa course pour le pouvoir politique suprême.

Les intérêts allemands, forts d’une communauté de 200 personnes, ne permettent pas à la bourgeoisie nationale de rattraper le retard accumulé depuis le gouvernement de Salomon. En apportant son soutien aux canards boiteux des gouvernement de doublure, cette stratégie condamne la bourgeoisie nationale à disparaître au profit de ce qu’Anténor Firmin nomme « une bande de spéculateurs mulâtres, entr’autres Boisrond-Canal, Léon Audain, Solon Ménos, Justin Carrié, Auguste et Clément Magloire, Villehardouin Leconte, Sambour, et cent autres encore…(6) »

Le naufrage de la bourgeoisie nationale est d’autant plus consommé que les Syro-Libanais longtemps isolés dans leurs souffrances en province décident de communiquer leurs préférences pour les États-Unis d’Amérique dont ils vendent les produits. Ils ne revendiquent plus en cachette le droit de cité et demandent une intégration complète qui leur est refusée par la bourgeoisie compradore aux ordres des Allemands et des Français. Dans ce combat où ce qui reste de la bourgeoisie nationale a les menottes aux mains, elle ne pourra exprimer de manière articulée sa détresse que par le biais des personnalités qui formeront L’Union Patriotique dès le mois d’Août 1915.

Ces personnalités sont Georges Sylvain, Charles Bouchereau, Victor Cauvin, Lys Latortue, Occide Jeanty, Fleury Féquière, Caius Lhérisson, Dr. Carré, Dr. Holly, F. Porsenna, Edmond Laforest et Joseph Sylvan. 12 patriotes comme les 12 apôtres. Se joindront à eux de nombreux autres dont Seymour Pradel, Pierre Hudicourt, Dantès Bellegarde, Georges Séjourné, Jean Price Mars et beaucoup d’autres. En fondant avec Edmond Laforest, Marcelin Jocelyn le journal La Patrie qui sera interdit par les forces d’occupation américaine, Georges Sylvain écrit : « Je ne me résignerai pas à cette occupation, je lutterai jusqu’au bout pour libérer Haïti. [….] Nous lutterons, nous et nos enfants, tant que notre patrie n’aura pas recouvré la plénitude de son indépendance (7) ». La couche restante de la bourgeoisie nationale traversera ainsi l’épreuve de l’occupation américaine avec L’Union Patriotique sans jamais sombrer dans le désespoir.

La révolution bourgeoise n’a jamais pu avoir lieu, car dès les premiers jours les négociants consignataires étrangers ont fait alliance avec les féodaux absentéistes contrôlant le pouvoir d’État pour bloquer justement l’émergence et le triomphe de la bourgeoisie nationale. Qu’il s’agisse des grands propriétaires du Sud avec les Jérémie, Geffrard, Pressoir, Laforest, Phillips, Sansaricq ou du Nord avec les Sam, Béliard, Nord Alexis, Mathon, Pierre-Louis, Dupuy, Florvil Hyppolite, Auguste, etc. ils employaient tous le système dit « de-moitié » sur leurs plantations. Système aberrant dans ses fondements qui ne permet pas d’augmenter la production nationale. Toutefois, on ne saurait à partir de là nier l’existence de la bourgeoisie. La moindre analyse historique démontre la mouvance dès le 19e siècle d’une bourgeoisie haïtienne nationaliste, rentière, mais aussi commerçante et industrielle. L’historien Benoit Joachim (8) a laissé une étude de la bourgeoisie d’affaires au 19e siècle qui fait date. Dans son sillage, on peut affirmer que jusqu’en 1908, 15 des 34 exportateurs, soit 44%, de la capitale sont des Haïtiens tandis qu’en province, à la même date, 70 des 129 bourgeois marchands, soit 54%, sont des Haïtiens (9).

L’instabilité politique a affecté la bourgeoisie dans toutes ses composantes non seulement aux massacres de franges importantes de la bourgeoisie nationale mais aussi au paiement de réclamations exorbitantes aux autres secteurs de la bourgeoisie qui ont grevé l’État haïtien d’une bonne partie du surplus économique. Remarquons que seuls les négociants consignataires étrangers étaient dédommagés grâce aux menaces proférées par leurs diplomates et leurs canonnières à l’endroit de l’État haïtien. Après chaque prise d’armes, non seulement il y avait des réclamations, mais c’était aussi l’occasion pour les bourgeois contrebandiers et les faux-monnayeurs de s’enrichir davantage avec la complicité des commandants d’arrondissement. Haïti a connu plus d’une centaine d’insurrections avant l’occupation américaine, dont les plus importantes eurent lieu en 1843, 1848, 1865-69, 1879, 1883, 1889-1890, 1902, 1908, 1912, 1914 et 1915. Le climat d’insécurité qui s’ensuivit devait se traduire par la diminution des stocks détenus dans les entrepôts des négociants consignataires. Ces derniers préféreront les marchandises anglaises venant de la Jamaïque ou celles venant directement des États-Unis à celles venant de la France et devant être commandées en plus grandes quantités. Cela était encore facilité par le fait que les commerçants américains utilisaient les bateaux à vapeur, tandis que les commerçants français en étaient encore aux bateaux à voile, beaucoup moins rapides. Sans parler des conditions de paiement plus avantageuses offertes par les exportateurs américains.

La potion magique du sorcier

On s’explique donc que les Syro-Libanais soient devenus le fer de lance de la percée américaine à la fin du 19e siècle contre les commerçants haïtiens et autres liés au marché européen. Dès 1903, les Syro-Libanais contrôlent pratiquement le commerce en détail des marchandises importées (10). Leur réussite provoque l’ostracisme autant de la bourgeoise haïtienne que des commerçants allemands contre eux. L’hostilité de la bourgeoisie haïtienne contre eux indique que la couleur blanche de la peau n’est pas toujours chargée symboliquement du sens positif que certains veulent lui donner. L’imaginaire du privilège de la couleur claire ne joue pas et les Syro-Libanais sont attaqué et persécutés. Le New York Times proteste énergiquement contre les pogroms anti-syriens (11) qui ont lieu à L’Arcahaie, Port-au-Prince, Léogane et dans d’autres villes en 1904. Les Syro-Libanais dont le nombre avoisinait 7,000 personnes « ont aidé à affaiblir ce qui restait de la bourgeoisie haïtienne » (12) décapitée lors de la semaine sanglante des 22 et 23 septembre 1883, les massacres de Jacmel (13) et de Miragoâne en 1884 ainsi qu’à la suite de l’incendie de Petit-Goâve en 1902 pour déloger les partisans d’Anténor Firmin. Plus de 5 000 membres de la bourgeoise nationale disparaissent dans ses massacres à répétition sans rituel funèbre tandis que le pays accueille le même nombre d’émigrants syro-libanais.

On aurait tort de croire que la tâche fut facile pour ces derniers. Des centaines de Syro-Libanais furent expulsés sous le gouvernement de Nord Alexis en 1905, mais ils feront preuve d’une déroutante capacité de résilience en se drapant derrière le drapeau et la citoyenneté américaine. Le gouvernement haïtien essaya en 1907 d’appliquer la loi haïtienne de 1876 qui refusait aux étrangers le droit de faire le commerce de détail. Les Syro-Libanais reçurent alors l’appui du diplomate américain Henry Furniss qui dissuada le président Nord Alexis d’entreprendre toute tentative de sévir à nouveau contre eux. Les Syro-Libanais avaient déjà plus de deux décennies en Haïti et avaient quelques bonnes cartes dans leur jeu. En se présentant comme le joker des Américains, ils se savaient en position de force. Surtout quand, à la chute de Nord Alexis, ils retournèrent en 1909 sous le gouvernement d’Antoine Simon. Avec la potion magique du sorcier représentant les intérêts commerciaux américains, ils se donnaient les moyens de leur réussite. Et même quand arriva le président Cincinnatus Leconte qui voulait les chasser, ils avaient déjà des alliés de taille.

En effet, ils représentaient alors en Haïti la National Association of Manufacturers avec de puissantes sociétés telles que Swift and Company, Armour and Company, the National Biscuit Company et la Pillsbury Mills qui était déjà alors une multinationale. On comprend que le New York Times en décembre 1911 sonne à nouveau l’alarme contre les menaces (14) dont ils étaient l’objet. La revendication des Syro-Libanais au commerce libre est-elle pertinente, comme certains le croient, pour expliquer l’explosion du Palais national le 8 août 1912 et la mort du président Cincinnatus Leconte ? Un kidnapping mortel dont on cherche encore les responsables. Levier évident des Américains, les Syro-Libanais s’inscrivaient en force dans la durée pour devenir irrésistibles face une bourgeoisie haïtienne pour le moins fantaisiste et vivant encore dans les ombres du procès de la Consolidation. Le secret des Syro-Libanais a été de comprendre la direction du vent et de se mettre sur sa trajectoire.

On s’explique donc que 46 d’entre eux n’hésitèrent pas une seconde pour demander la prolongation de l’occupation américaine en janvier 1921. Les signataires de cette pétition furent : M.J. Kour, John Stambouly, Pierre Sada, Maurice Gebara, Albech Kayen, M.J. Souckar, Joseph Fadoul, Antoine Gebara, Boulos Gebara, Adih Hawly, Nageb Sada, John Boulos, A.B.Bacha, Antoine Abraham Freres, Motes Saieh, S. H. Talamas, John Bross, Ch. Fara, Joseph Jacob, Elis Georges, Abraham Douran, Victor Bigio, Jean Marsouka, Narcis Antoine, Joseph Kassar, E.F. Karpan, Michel Zuraich, Esper Bacah, Habb Joseph, J. Niconla, Joseph Marsouka, Alfred Nicolas, Ch. Marsouka, N.J. Kouri et Joseph Kouri (15) . (à suivre)

Leslie Péan

(1) Laennec Hubon, Le barbare imaginaire, Paris, Le Cerf, 1988

(2) Vertus Saint Louis, Aux origines du drame d’Haïti (1794-1806), P-au-P, Imprimeur II, 2006.

(3) Heinl and Heinl, Written in blood, Boston, Houghton Miffin, 1978, p. 322.

(4) « Haitian war ship Alexander Pétion, with crew and passengers, reported lost », New York Times, September 23, 1893.

(5) Étienne Mathon, M. Frédéric Marcelin, ou L’homme de la petite dîme, P-au-P, J. Chenet, 1895.

(6) Anténor Firmin, « Mémoire au Secrétaire d’État Américain John Hay en date du 24 Mai 1905 », présenté et annoté par Roger Gaillard, Conjonction, numéro 127-128, P-au-P, Haïti, Décembre 1975, p. 136.

(7) Cité dans Raphaël Berrou et Pradel Pompilus, Histoire de la littérature haïtienne illustrée par les textes, Tome II, Éditions Caraïbes, 1975, p. 30.

(8) Benoît Joachim, « La Bourgeoisie d’affaires en Haïti de l’Indépendance à l’Occupation américaine », Nouvelle Optique , Montréal, numéro 4, décembre 1971, p. 50-70.

(9) Brenda Gayle Plummer, « The metropolitan connection : Foreign and Semiforeign Elites in Haiti 1910-1915 », Latin American Research Review, Vol. XIX, number 2, 1984, p. 130-131.

(10) David Nicholls, « No hawkers and peddlers : Lebanese in the Caribbean », Ethnic and Racial Studies, Vol. 4, number 4, Great Britain, October 1981, p. 419-420.

(11) « Syrians driven from a town in Haiti ; Trouble Feared in Other Cities of the Republic, Cause of the agitation Monopoly of the Retail Trades Obtained by Syrians Who Claim American Citizenship », New York Times, August 6, 1904.

(12) Gail Plummer, Race, nationality and trade in the Caribbean : the Syrians in Haiti (1903-1904), The International History Review, Vol. III, number 4, October 1981, p. 521.

(13) Alain Turnier, Avec Mérisier Jeannis, P-au-P, Le Natal 1982. « Help for Syrians barred from Haiti - Large Concerns Here Indicate an Interest Because of Injury to Export Trade », New York Times, 21-22 December 1911.

(14) Vernet Larose, « La réussite commerciale de la diaspora syro-libanaise, notes de recherche », Haïti Nation, 22 juillet 2012.

Monday, November 5, 2012

El secreto para triunfar en el Partido Comunista Chino



Angus Foste, BBC, Pekín 

El Partido Comunista Chino está a punto de presentar a la que será la próxima generación de líderes del país, de los cuales la mayoría serán políticos que han conseguido escalar a través de sus filas. Pero, ¿cuáles son los secretos del éxito en uno de los sistemas autoritarios más rígidos del mundo?

Empezar joven | Elegir una facción | Estudiar la moral | No alardear | Ser hombre | No sobresalir | Trabaja en algún lugar pobre | Ser implacable

Empezar joven

La edad es muy importante en China, y si no has sido seleccionado para ocupar un alto cargo antes de alcanzar los 25 es probablemente demasiado tarde.
Los dos hombres que están llamados a convertirse en presidente y premier, Xi Jinping y Li Keqiang, se afiliaron al Partido a la misma edad, 21 años, y nunca trabajaron fuera de las filas comunistas.
En la actualidad se expone a los niños a la política incluso antes, concretamente a los seis años, que es la edad a la que comienzan a llevar el pañuelo rojo de los Jóvenes Pioneros. La educación política formal no empieza sin embargo hasta los 14, momento en el que candidatos cuidadosamente seleccionados se unen a la Liga de Jóvenes Comunistas.
Los muchachos más prometedores pueden convertirse en miembros del Partido a los 18.
Para poder afiliarse hay que escribir una carta de presentación a la célula local, ser aceptado en un grupo de estudio, someterse a un exhaustivo examen ideológico y ser aceptado como miembro a prueba. El último paso es una ceremonia formal frente a la bandera – un martillo y una hoz amarillos sobre fondo rojo – donde se jura fidelidad.
"Es una experiencia emocionante", según un miembro femenino que no quiso dar su nombre. "En China ni siquiera juras en tu boda, así que unirme al Partido fue mi único juramento", agrega.
Pero unirse al Partido no es fácil. En 2011 22 millones de personas aplicaron y solo 3 millones fueron aceptadas. El total de miembros creció hasta 83 millones, lo que lo convierte posiblemente en el mayor "club privado" en el mundo.
Son muchas y diversas las razones por las que la gente quiere formar parte del Partido. Estar dentro trae consigo estatus y privilegios, como acceso a información restringida, trabajo en el gobierno, y la oportunidad de conocer a gente que puede ser de ayuda en las aspiraciones laborales futuras.
Para otros, unirse a las filas comunistas es un sacrificio con el que se contribuye a la mejora del futuro del país.
"Formar parte del sistema demuestra que fuiste un buen estudiante y que te mantuviste cerca del poder", asegura el mismo miembro del partido. "Después, es el miedo a la exclusión lo que hace querer unirse".

Elegir una facción

El factor más importante en el ascenso dentro del partido es el llamado patrocinador o kaoshan en chino, que significa "montaña en la que se puede confiar".
"Si tienes un patrocinador que pueda colocarte en la cola para un puesto cuando eres joven, antes que los demás, entonces estas llamado a la grandeza", dice Minxin Pei, del Claremont McKenna College.
Para los hijos de los altos funcionarios es más fácil, ya que cuentan con la ayuda y la protección de la red de contactos de sus padres.
Cerca de la mitad de los líderes chinos pertenecen a esta categoría, y son conocidos como "principitos" debido a su privilegiada educación.
Otra facción importante la forman los tuanpai, gente como el presidente Hu Jintao, que se formó en la Liga de Jóvenes Comunistas. Los tuanpai provienen de orígenes humildes y generalmente están más pendientes de los asuntos de la gente común como los subsidios de vivienda o los ingresos en el campo.
Durante los últimos cinco años estos dos grupos han librado una batalla por los mejores puestos de la nueva generación de altos mandos.
"No se trata tan solo de dos bloques que se contraponen el uno al otro", señala Steve Tsang, de la Universidad de Nottingham, en Reino Unido. "Hay muchas cosas en juego en cuestión política y también muchas ambiciones personales. Uno intenta formar alianzas y convencer a la gente de que lo que puedes ofrecer tú es mejor que lo que ofrecen los demás".
Los medios chinos, censurados, no airean este tipo de batallas. Cuando surgen, los rumores hablan sobre una implacable cultura política.
Ling Jihua, un aliado cercano de Hu Jintao, parece haber perdido puntos después de que su hijo muriese en un accidente de tráfico – supuestamente conduciendo un Ferrari y con dos mujeres semidesnudas acompañándolo.

Estudiar la moral

A lo largo de la historia china se ha esperado que sus líderes gobernasen con un profundo sentido del deber moral. Así que aunque el partido, al igual que los emperadores antes que él, crea que tiene un incuestionable derecho a gobernar, también considera que tiene el deber de gobernar de una forma justa.
El país posee una larga tradición de ensalzamiento de los buenos funcionarios, cuya devoción y sacrificio es visto como un modelo público a seguir.
Actualmente, los miembros del gobierno tienen que demostrar a sus superiores que son capaces de gobernar. Están además sujetos a exámenes anuales donde factores como el crecimiento del Producto Interior Bruto, los ingresos fiscales y la estabilidad en las áreas que gobiernan son elementos clave.
A nivel local el Partido ha permitido cierto tipo de elecciones, aunque los candidatos que tienen el apoyo del gobierno generalmente ganan. Algunas promociones de funcionarios de alto rango son también sometidas a consulta pública.
Estas medidas ayudan al Partido a afirmar que posee legitimidad pública, pero la mayor parte de los chinos dirían que es su exitoso manejo de la economía la principal razón por la que debería seguir en el poder.
Los funcionarios también tienen que dar una imagen de humildad y recordar una frase que sirve de guía para el Partido, la de "Servir a la gente".
El premier saliente Wen Jiabao se ha convertido en una de los líderes más populares del país debido a su habilidad para conectar con la gente de a pie. Después de cada terremoto, deslizamiento de tierra o inundación el "abuelo Wen" –como se lo conoce popularmente- aparece rápidamente en escena, charlando con la gente y dispuesto a ayudar.
Aunque sus críticos aseguran que es solo una fachada, la aparente humildad del mandatario le ha hecho ganarse el respeto de muchos.

No alardear

A medida que la economía china ha ido creciendo la corrupción al más alto nivel se ha convertido en la mayor causa de críticas contra el Partido.
Es imposible calcular a qué escala se produce, pero se cree que funcionarios corruptos del gobierno han sacado US$ 120.000 millones del país desde mediados de los 90.
Hay quejas además en relación con los "extras" oficiales, como banquetes, cuentas de gastos y presuntuosos regalos, que se han convertido en una importante fuente extra de ingresos.
El Partido ha respondido aplicando mano dura a los culpables más descarados, y asegura que decenas de miles de personas han sido castigadas.
Pero los críticos afirman que este tipo de campañas son a menudo propaganda, y el Partido sabe que debe tolerar gran parte de la corrupción debido a la enorme cantidad de gente implicada.
"Si empiezas, ¿dónde paras? Todo el mundo está implicado", asegura Richard McGregor, autor de "El Partido".
El resultado de todo esto es que los altos funcionarios y los empleados de empresas estatales pueden enriquecerse, pero no deben mostrarlo abiertamente.
El exfuncionario Yang Dacai lo sabe muy bien. Fue despedido este año después de que una campaña en internet sacase a la luz la cantidad de relojes de lujo que poseía y después de que le gente se preguntase cómo se los podía permitir, con tan solo el sueldo de un gobernador de provincias.

Ser hombre

Tan solo cerca de una cuarta parte de los miembros del Partido son mujeres.
Ninguna mujer ha llegado nunca al Buró Político del Partido Comunista, el organismo con mayor poder de decisión del país, y tan solo una ha formado parte del Buró que lo sigue en importancia, formado por 24 miembros.

Los fundadores de la China moderna, hombres como Mao Zedong y Deng Xiaoping, fueron carismáticos visionarios que dictaron casi ellos solos el futuro del país.
Ahora los líderes deben subir los peldaños de un sistema burocrático que demanda total obediencia, y el control absoluto del Partido sobre la política y los medios de comunicación implica que cualquier error puede costar carísimo.
El último y espectacular ejemplo ocurrió este mismo año cuando Bo Xilai, exsecretario de Chongqing y uno de los candidatos a los más altos cargos, fue despedido y expulsado del Partido. Su mujer fue encarcelada acusada de asesinar a un hombre de negocios británico y el propio Bo se enfrenta a cargos de corrupción, abuso de poder y –un favorito del Partido- "relaciones sexuales indecentes".
Pero muchos analistas aseguran que el verdadero crimen de Bo fue desafiar la forma tradicional de hacer política.
Las políticas populistas y la ofensiva contra el crimen fueron una peligrosa apuesta por la legitimidad, y una amenaza para todos aquellos que esperan la promoción por las vías tradicionales.
"Hay que sobresalir un poco, pero no demasiado. Si apuntas demasiado alto te pueden cortar de cuajo", afirma Tsang.
No sobresalir se aplica también a la indumentaria: traje oscuro y pelo negro; el gris no está permitido.

Trabaja en algún lugar pobre

Para un partido sin funcionamiento democrático es vital que los más altos líderes entiendan las necesidades de la gente común.
El departamento de organización del Partido, una burocracia omnisciente que decide quién se queda con cada cargo, se asegura que sus líderes hayan cumplido con varios años de servicio lejos de las comodidades de Pekín.
El presidente saliente Hu Jintao pasó cuatro años en el Tíbet, un lugar visto como especialmente riguroso, y una de las personalidades con más proyección política en el país, Hu Chunhua, de 49 años, está destinado en Mongolia.

Ser implacable

Todos los sistemas políticos se alimentan de la crueldad, pero el chino es especialmente implacable.
"Si te expulsan del poder se aseguran de que no vuelvas nunca. No solo pierdes tu trabajo, sino que persiguen a tu familia y destruyen tu nombre", asegura Minxin Pei.
A los líderes con ambición se les recomienda que lean Houheixue, o la "Teoría Negra", un clásico de las artes oscuras de la política publicado el siglo pasado.
Según el libro los instrumentos para tener éxito son una piel gruesa, inmune a la vergüenza o la culpa, y un corazón negro, endurecido para poder herir a los demás en pos del beneficio propio.

Saturday, November 3, 2012

Qu'est ce que le Guédé ?


via ToutHaiti.com
gede-enseigne-en-metalL'enseigne en metal identifiant la propriete d'une parcelle a Bohicon
Soumis à Tout Haiti le 2 Novembre 2012
Par Norluck Dorange --- Pour ceux qui se livrent à toutes sortes d'élucubrations ou d'inventions sur le rite Guédé, je veux leur offrir ce petit résumé sur la vraie histoire des Guédés, espérant apporter ma modeste contribution à leur quête fiévreuse du savoir Vodoun.
Les Guédés étaient une famille, une Nation, une communauté qui partage en commun: une langue, des coutumes, les mêmes interdits quelques rituels traditionnels. Leur territoire, ce que l'anthropologie désigne sous le nom générique d'aire culturelle, était situé sur le plateau d'Abomey, ancienne capitale du royaume du Dahomey, zone comprise aujourd'hui entre Zogbodomey, Bohicon et Abomey.

Génèse du rite Guédé

L'histoire des Guédés repose sur un mythe fondateur, similaire à d'autres ayant prééxisté à la création d'une majorité de clans en Afrique. Cette communauté à l'époque, était frappée d'une calamité. Une sorte d'épidémie. Les gens en mouraient quotidiennement, par dizaines. Comme toute nouvelle maladie décimant les contrées ou les communautés, aucun remède n'existait encore. Les médecins traditionnels étaient pris au dépourvu. On se rebattait sur les prières et supplications aux divinités. Aucune amélioration, aucune solution à l'horizon. Les croyances ou systêmes spirituels prennent le pas. Ils deviennent naturellement des voies de recours. Comme dans tout systême humain. On suppliait les ancêtres, ceux qui se trouvaient déjà dans l'autre monde, d'indiquer la feuille, la racine, l'écorce, la partie de l'animal, ou la combinaison d'éléments précités pour composer la fameuse potion qui guérira les malades, qui empêchera la maladie de vider le ventre de la communauté. Devant les échecs répétés, il fut décidé, selon les consultations, que le fils aîné du chef de la collectivité accepte de s'offrir en sacrifice afin d'apporter le message personnellement aux ancêtres, au pays des morts, Fètomè. En échange, il fallait excepter la règle stipulant que soient restés inconnus les lieux de sépulture des rois et des princes. Au cas où sa mission sera couronnée de succès, donc si la potion est révélée, son tombeau devait être marqué d'une pierre sur laquelle tous les membres de la communauté viendront faire leur libation de sodabi (clairon local) en demadant la guérison pour les cas de maladie grave. Ce qui arriva. Ce qui fut fait. Ainsi, a été le point de départ de ce rite couplé (mort-vivant/vivant-mort) qui prit le nom du fils aîné Guédé, et qui devint par la suite le nom du clan.

Les Guédévis et la Fondation du Dahomey

Au commencement était le Dahomey ou DAN-HOME. Traduction en fongbe: Dans le Ventre de Dan. Dan, c'était le roi des Guédévi ou fils de Guédé. Celui-ci avait dirigé sa communauté sans problème jusqu'au jour où un des petits fils d'Adjahounto, Ganye Hesou, sortit d'Allada, vint établir son royaume dans la région. Des années de suite, un de ses descendants, le roi Houégbadja (1645-1685) se mit à reclamer de temps en temps, une nouvelle parcelle pour élargir son royaume. Une ènième fois, le roi Dan s'ennerva et lance à son incommodant voisin: finalement vous allez vous établir dans mon ventre. Une vive discussion s'en suivit. Houébadja, répondit: "Je vais vous faire la guerre. Là où vous serez enterré, je planterai le pieu qui indiquera le point à partir duquel mon royaume sera élargi." La guerre éclata effectivement entre les deux. Le roi Dan perit. Houébadja y planta effectivement son poteau sur le tombeau du roi Dan. Puis, entama une série de guerres de conquêtes et de soumissions des royaumes voisins. Cette pratique sera poursuivie par au moins quatre générations de ses fils qui se succèderont au trône d'Abomey, devenue la capitale du DAN-HOME, de plus en plus élargi.

gede-sacrifice-pouletSacrifice d'un poulet a un Vodoun qui tue l'animal sans un couteau, sans verser son sang
Quand le roi Agadja le Dossou se fut rendu victorieux de Savi et de Glexwe (aujurd'hui Ouidah), il devint automatiquement l'interlocuteur des négriers européens qui opéraient déjà des raids au niveau des côtes Africaines pour s'emparer des groupes d'hommes et de femmes devant être emmenées sur les plantations en Amérique. Les négociations entre Agadja le Dossou et des Négriers Français aboutirent à la déportation, particulièrement vers Haiti, d'un fort contingent de Guédés. Ceux-ci étaient considérés comme des dissidents et des insoumis, conservant une rancune personnelle aux détenteurs du pouvoir à Abomey. Les Guédés étaient particulièrement gardés à l'oeil depuis qu'ils furent soumis. Ils étaient particulièrement craints, à cause de leur maîtrise des rites mortuaires. Selon le Hérissé, un ancien administrateur colonial français du Dahomey, Les Guédés developpaient des rapports étroits avec leurs défunts au point où, il leur fut interdit de conserver les crânes dans leurs résidences. Les rois d'Abomey déléguaient un droit de supervision des funérailles au sein des communautés Guédés, afin d'empêcher les Guédés de détacher les crânes des corps des défunts avant les inhumations.

Evolution des Guédés en Haiti

Si le rite Guédé a constitué la face visible du Culte des Morts dans le Vodoun en Haiti, ce fut l'oeuvre des premiers écrivains - des non-Vodouisants- sur le Vodoun, qui avaient concentré leurs observations sur l'évolution de la spiritualité africaine en Haiti dans quelques régions du pays, surtout dans le département de l'Ouest. Les visites dans les cimetières lors des 1er et 2 Novembre, marquent surtout une sorte d'ingestion des célébrations réservées aux défunts par le calendrier des catholiques, la seule religion chrétienne admise dans les territoires colonisés par la France rédactrice du Code Noir. Les chrétiens, envahissant les cimetières pour honorer la mémoire de leurs défunts, les Vodouisants vont s'attrouper autour de la Croix représentant le Baron, le premier homme enterré dans ce panthéon. Quoi donc de plus raisonnable que de trouver dans cet espace Chrétien, une forêt de croix, quelques symboles récréant dans l'imaginaire de ces africains transplantés, les principes foundateurs d'un rite perdu. Le Baron qui n'existe pas dans les cimetières Dahoméens, devient par un jeu d'association, le lieu symbolique du Guédé, enfouit dans la forêt perdue d'Afrique. La croix (symbole Chrétien) du Baron (premier enterré) a remplacé la pierre sous laquelle furent enfouis les restes du fils Aîné (Guédé), celui qui choisit d'apporter personnellement le message aux ancêtres. Ainsi, le Baron en Haiti a permis la perpétuation du geste, la mise en scène rituelle du contact, à partir du lieu de sépulture d'un ancien vivant, avec le monde invisible, Fètomè ou Pays sans Chapeau. Fètomè est le lieu de résidence des défunts où règnent et se côtoient les divinités ou LWAS. Le crédo Africain s'entend, tout ce qui se passe dans le visible se prépare, se planifie d'abord à partir du monde invisible.
Le Baron rempli également une fonction de Legba. Je ne m'aventurerai pas à expliquer des faits/mystères réels réservés aux initiés. Sauf que je parlerai des accoutrements. Imaginer des chrétiens au cimetière de Port-au-Prince, richement vêtus d'habits noir, mauve, ou blanc, qui viennent prendre part à la messe chantée à la petite chapelle plantée au milieu. Ensuite, ils longent les ruelles étroites entre les caveaux pour aller allumer des cierges, déposer des bouquets de fleur, brûler des encens sur la tombe de leurs défunts. Et en parallèle, des Vodouisants, pauvres qui s'attroupent autour de Baron, eux aussi, vêtus de mauve, de blanc ou de noir, leur cièrge allumée, balbutiant des prières aux ancêtres, des plus proches aux plus lointains, exposant leurs peines et difficultés quotidiennes. Ils déposent ensuite, une cigare, une tasse de café, une bouteille de cola, un morceau de pain, du maïs grillé. Deux formes d'expression, l'une, l'apporpriation des moeurs et la culture de l'ancien colonisateur; l'autre plus proche de l'univers cognitif du Vodoun, Pourtant les deux expressions se convergent dans l'essentiel qu'au fond le Guédé, dans ses réjouissances et son discours, va s'exclamer: Gade yon Kaka, Lanmò pa fout konn gran mouche.

La fête de la mort en Haiti et au Dahomey

Mais, au Dahomey, la mort est une fête. A l'opposé des rites ralentis, tristes et lents du christianisme, le Vodoun est célébré dans la joie, les éclats de rire, la danse, la musique rythmée des tambours. Les pratiquants du rite Guédé, en Haiti, font la démonstration qu'existent des esprits qui peuvent incorporer temporairement un vivant, par le test de la prise du piment frotté les zones sensibles du corps: le sexe et des fois, les yeux. Les déhanchements ou gouyades participant de cette gestuologie qui ironise leurs pairs chrétiens , victimes à leurs yeux d'une évangile qui leur présente la mort comme un accident, une peine sanctionnant "l'homme déchu". Alors que la philosophie pratique africaine apprend que tout ce qui vit, doit mourir; humains, végétaux et animaux et que l'homme ne saurait échapper à ce principe qui régit tout être vivant sur la planète Terre, le plateau du Lwa Sakpata. Les accoutrements et déguisements du Guédé, ses brassages avec des ossements humains ont pour but d'injecter une certaine dose d'humanisme aux vivants trapés dans l'individualisme égoïste (bénédiction personnelle), l'orgueil et les vanités. C'est ce qui fait du Guédé, le Vodoun Philosophe, pas parce que ses messages sont trop simplets, recouverts de dehors dits grossiers. "Pa fout gen zo ki pat gen po sou li", ou "Tout homme est le produit d'une gouyade". Justement, la Gouyade du Guédé, ne rappelle-t-elle pas la morphologie du spermatozoïde?
Les célébrations du rite Guédé varient suivant la région et les origines des familles Vodoun en Haiti. Contrairement à Port-au-Prince et ses environs, dans l'Artibonite, les Vodouisants ne pratiquent aucun rituel dans les cimetières devant la croix du Baron. La période du mois de Novembre fournit l'occasion aux divers sanctuaires de cette région, de réaliser la fête des Braves, nom que prend le rituel des morts, et ayant des formes similaires au Guédé. Ces célébrations combinent sacrifices et offrandes en l'honneur des défunts, des ancêtres, des Lwas du panthéon Guédé. Participants et adeptes expriment leur réjouissance à travers des chants et des danses et la consommation des nourritures et boissons sacrées. Certains lakous, comme Soukri Danache, (un sanctuaire Congo) rendent hommage aux Guédés en leur consacrant la dernière journée de leur période de célébration des divinités/Lwas Congo. A Souvenance, un sanctuaire qui a reproduit les rituels de la Cour Royal du Dahomey en Haiti, les Guédés continuent à être reprimés. L'adepte qui est subitement emparé par un Lwa Guédé, est sorti de la scène des réjouissances. Le duel Fongbe/Guédé se prolongeant ainsi jusqu'en Haiti.
Le Guédé Tomè ou Pays Guédé n'existe que dans les souvenirs aujourd'hui au Bénin pour des causes historiques liées à la fondation de cette Nation d'Afrique de l'Ouest. Des descendants de Guédé se sont retranchés dans leurs communautés, réduites à des îlots épars et discrets localisées dans tout le plateau d'Abomey. J'ai pu visiter le Guédézoumen ou La Forêt de Guédé où se trouvent encore l'arbre et la pierre de Guédé. Sans un lieu public, les cérémonies en l'honneur de Guédé se réalisent sans éclats, dans l'intimité des concesssions et enclos réunissant des Guédévis ou descendants des Guédés. En marchant à Abomey et à Bohicon, il n'est pas rare de voir plantées devant des parcelles, des pancartes métalliques portant le nom du propriétaire dont le nom de famille est Guédé ou Guédévi. Deux hotels pour voyageurs et touristes de passage de Bohicon portent le nom de GUEDEVI.

Le mythe fondateur du rite des Guédés, s'il était su, apprécié et respecté, pourrait valablement contrebalancer les arguments des prêcheurs de carrefour, les "Négriers des âmes" des Haitiens qui participent ardemment, naïvement, et sans état d'âme à l'oeuvre de déculturation en Haiti, en répendant un mythe équivalent d'un sacrifié pour le salut de certaine communauté humaine. Il n'y a pas que les judéo-chrétiens à être détenteurs d'un mythe de l'homme salvateur. L'histoire des Guédés en est une. Tout comme l'histoire de la Reine des Baoulés, Abla Pokou, en est une. Les Baoulés sont une des nations composantes de la Côte d'Ivoire d'aujourd'hui.
Norluck Dorange

Tuesday, October 30, 2012

Haïti : L’effet Clifford Brandt junior

Par Leslie Péan

La famille Brandt défraie la chronique en Haïti, non pas depuis l’incarcération de Clifford junior, mais depuis un siècle. La saga de cette famille commence à la Jamaïque avec la rencontre d’Oswald John Brandt, né dans cette île en 1890, avec une charmante Haïtienne, Thérèse Barthe, venue visiter son père en exil. Boyer Bazelais, Anténor Firmin, Edmond Paul, François Légitime sont tous passés par ce refuge, toujours prometteur. Les deux jeunes se marient en 1910 et, suivant le chemin tracé par son cœur, Oswald Brandt plie bagages et émigre en Haïti. Il a alors seulement 20 ans.

Une fois en Haïti. O.J. Brandt, dont l’épouse est la nièce du colonel Jules André, est partout un invité de marque, surtout chez les anciens exilés qu’il a connus et aidés à la Jamaïque. Parmi eux, l’influent Antoine Pierre-Paul et Septimus Marius, qui, nommé ministre des Finances par Antoine Simon, le place à la Banque Nationale d’Haïti en 1910 en dépit ou à cause de son statut d’étranger. Ainsi commence sa carrière de financier. En 1916, il passe à la succursale que la Banque Royale du Canada vient d’ouvrir à Port-au-Prince.

Le feuilleton se poursuit. O. J. Brandt gravit très vite les divers échelons de cette institution pour accéder au poste de directeur en 1925. On est en pleine occupation américaine et l’économie du pays est en train de s’ouvrir au capital étranger. C’est à ce moment que commence la légende du petit-gars-parti-de-rien-et-qui-s’est-élevé-à-la-force-de-son-poignet-par-le-travail-et-l’audace.

Le prestige de l’homme est d’autant plus grand qu’il est le seul homme d’affaires de toute l’histoire du pays à s’être forgé une réputation de philanthrope à l’américaine. Le seul à avoir contribué à la diffusion du savoir et à la formation de la jeunesse par un geste d’envergure : le don du seul laboratoire d’une école publique haïtienne, le Laboratoire O. J. Brandt du lycée Pétion (immeuble compris). Cette dépendance du Vieux Lycée, presque adossée à la Cathédrale, a été fréquentée par toutes les générations qui ont étudié à cet établissement après la fin de la Deuxième Guerre mondiale.

Cette semaine encore, le nom O. J. Brandt refait surface dans la mémoire des professionnels passés à cette école à partir des années 50. En particulier des médecins et des ingénieurs qui y ont manipulé, pour la première fois de leur vie, des éprouvettes avec Marcel Francoeur ou des électrodes et des aimants avec Parnell Marc. Des professeurs, avocats et fonctionnaires sortis de la section A et qui ont fait leurs classes terminales dans les belles salles du second étage de l’immeuble O. J. Brandt.

Cette histoire à succès comporte toutefois quelques épisodes peu reluisants et peu connus du public. Après l’entrée en guerre d’Haïti aux côtés des Alliés, sous Élie Lescot, Oswald Brandt est un des grands bénéficiaires de la nationalisation des biens des citoyens allemands établis au pays (Reinbold, Gerlach, Gaetjens, Jaeger, Ludecke, etc.), et la presse n’en fait aucune mention. C’est seulement à la faveur de l’éclaircie démocratique des premiers jours de 1946 que le journal La Ruche commence à l’épingler. Et sans ménagement. Il écrit : « En effet, ce mystérieux personnage d’Oswald John Brandt, après avoir, sans aucun doute, "corrompu" son associé Élie Lescot, Grand Fonctionnaire Public dans l’exercice de ses hautes fonctions – Délit prescrit par la Loi haïtienne – l’escroc Oswald John Brandt se fit passer les usines de Saint-Marc valant au minimum Deux cent mille dollars pour la scandaleuse somme de trente cinq mille dollars, se rendant de ce fait coupable au titre de receleur que la loi Haïtienne punit beaucoup plus sévèrement que l’auteur [1]. »

La charge est lourde contre le trio Lescot-Brandt-Brouez, ce dernier étant le commis encaisseur de Lescot. Difficile de condamner Oswald Brandt sans des preuves palpables de pots-de-vin. Difficile surtout à cause des complices invisibles qu’il a alors au sein du Comité Exécutif Militaire (CEM) qui vient de prendre le pouvoir. Paradoxalement, les jeunes militants de La Ruche demandent de soutenir la junte militaire [2]. Difficile enfin de déboulonner Oswald Brandt, un symbole qui fait rêver une classe politique avide de ses subsides. Les jeunes de La Ruche en sont conscients et écrivent : « Si le monopole de la Fabrique et vente de tissus de coton Lescot-Brandt-Brouez doit fonctionner sous quelque rubrique que ce soit, alors vous n’aurez plus rien à espérer de notre pays, suicidez-vous [3]. »

Une vue en plongée de la réalité

Personne ne s’est suicidé devant les complexités d’Haïti. Oswald Brandt a traversé tous les mauvais régimes jusqu’à ceux des dictateurs François et Jean-Claude Duvalier, jouant continuellement double jeu. En 1961, il est forcé de financer le bétonnage de la Grand-Rue [4] et même mis en prison par Papa Doc qui veut lui soutirer de l’argent. Il se vengera à sa façon. Le journaliste à la retraite Jean Florival nous apprend dans Duvalier : La face cachée de Papa Doc qu’Oswald Brandt — qui était son ami personnel et celui de Gérard Daumec, conseiller écouté de François Duvalier - alimentait régulièrement la radio Vonvon en renseignements embarrassants pour le pouvoir. Cette station clandestine, qui émettait à partir des États-Unis, fit les délices de l’opposition pendant la fin des années 1960 [5].

En plein cœur de la dictature féroce de François Duvalier, O.J. Brandt bénéficie d’un tel prestige au pays que, même lorsqu’il est pris la main dans le sac, le pouvoir noiriste et populiste lui réserve un traitement de faveur. Accusé, avec son fils Clifford, d’avoir financé l’invasion avortée de la Coalition Haïtienne en mai 1968 au Cap-Haïtien, il sera logé aux Casernes Dessalines avec droit de visite, tandis que Clémard Joseph Charles, le financier d’origine modeste, sera, selon ses propres dires, enfermé « pieds nus, en caleçon et chemisette à Fort Dimanche, puis au Pénitencier national ».

Oswald Brandt construit au fil des ans un véritable empire. Quittant la finance dès 1928, il décide de faire cavalier seul et d’acquérir l’usine à mantègue (USMAN). Il investit dans le textile, avec la filature Brandt (FITICOSA), et dans l’agriculture, particulièrement dans l’exportation du cacao et du café (où il devient un des principaux acteurs). Il est aussi importateur de produits pharmaceutiques, de véhicules et d’autres produits de consommation. On le retrouve ensuite dans l’huile de cuisine, les assurances, puis à la tête de l’usine de fabrication de pâte de tomates FACOLEF, dans le Sud, et de la PRINSA (élevage) dans la région de Thomazeau.

La PRINSA a fonctionné de 1981 à 1998 avant d’être victime de l’embargo des années 1991-1994. La politique ultralibérale du gouvernement de René Préval en a sonné le glas. En effet « l’élevage industriel a connu un véritable déclin vers 1991 à cause notamment de l’embargo économique et de l’importation massive de morceaux de poulet congelés. La production est passée de 6 500 000 à 300 000 têtes, puis à 45 000 têtes en 1998 pour les poulets de chair ; et de 112 000 à 30 000 pour les poules pondeuses [6]. »

En 1973, cinq ans après avoir été incarcéré avec son père O.J. Brandt aux Casernes Dessalines, Clifford Brandt relève le défi d’Alejandro Grullon qui veut implanter sa banque Banco Popular Dominicano en Haïti. Brandt prend les devants et crée, avec 420 actionnaires haïtiens, la Banque de l’Union Haïtienne (BUH) dotée d’un capital initial de 15 millions de gourdes répartis en 60,000 actions de 250 Gourdes. C’est la deuxième fois que le secteur privé haïtien crée une banque commerciale, la première ayant été la création en 1966 de la Banque Commerciale d’Haïti par le même Clémard Joseph Charles. Le premier conseil d’administration de la BUH est composé de Marcel Léger, Président, Marcel Ed. Dupuy, Vice-Président, Georges Baussan, Clifford H. Brandt, Jehan Dartigue, Raymond Flambert, Faidherbe Guillaume, Maurice Mompoint [7], Lucien Rousseau, Membres. Le patriarche Oswald meurt en 1976 et son fils Clifford prend la barre qu’il gardera jusqu’à son décès en 2001. Entretemps, l’empire Brandt essaime à la Jamaïque, aux Bermudes et aux Bahamas.

Le patriarche, son fils et ses petits-fils gardent une sérénité de distanciation leur permettant de fructifier leurs avoirs à une distance respectable des cercles mulâtristes dominants. On ne s’étonnera donc pas de ne pas retrouver le nom d’un seul Brandt dans la liste des 41 présidents qu’a eus le Cercle Bellevue de 1905 à 1985 [8]. Est-ce parce que le Cercle Bellevue a été dès son origine sous l’influence de la communauté allemande avec des présidents tels que Robert Gerlach, Frédéric Gaetjens, Carl Jaeger, Fred Ludecke, etc ? Pourtant O.J. Brandt aurait pu se prémunir de son ascendance allemande, car son grand-père Wihelm Brandt était allemand [9].

Quoiqu’il en soit, les Brandt ont une vue pratique sur la société haïtienne, son imaginaire et son anomie, une perspective qu’on ne saurait sous-estimer. La grande déception de la vie de Clifford Brandt aura été d’avoir été mis en quarantaine par le gouvernement américain en 1993, accusé d’avoir agi contre les intérêts américains en soutenant le coup d’État de 1991 contre le premier gouvernement de Jean-Bertrand Aristide. À la fin de sa vie, nonagénaire, il en sortit profondément troublé, ne pouvant comprendre, de sa hauteur, la vue en plongée que lui offrait la réalité. Les choses avaient bougé dans leur fixité.

Le kidnapping sème pour récolter sans attendre

Dans le même temps, la dégradation de la situation politique et économique affectait les consciences et les valeurs. Les capitaines d’entreprise sont de moins en moins considérés comme des valeurs à émuler. Les tontons macoutes et autres rentiers politiques devenus riches en un clin d’œil ont imposé d’autres mœurs. Qui représentent une aubaine pour les forces de la globalisation économique plus intéressées à mettre au pouvoir des receveurs d’ordres que des entrepreneurs indépendants. Tout en déplorant leurs agissements scandaleux, ces forces globalisantes préfèrent s’inspirer des voyous pour lesquels les valeurs intrinsèques n’existent pas. Les générations qui naissent au cours des années 1960-1970 n’ont de modèles que ceux de l’argent volé par des hommes de sac et de corde.

Le viol de la société haïtienne réalisé par l’occupation tonton macoute étale son désordre partout même dans les familles de l’élite. Sous les yeux des parents qui sont dépassés. L’ascenseur du trafic des stupéfiants accommode toutes les promiscuités. Les sociologues américains parleront de l’élite moralement répugnante (morally repugnant elite) pour rendre compte de la pourriture observée au sommet de la société haïtienne. Une société en ruines et qui, de surcroit, trouve des gens à dévaloriser l’intellectualité. Devant le vacarme des intérêts particuliers et autres relativités, la note intellectuelle mettant en valeur la vérité effraie les petits esprits se délectant dans les cancans.

L’affaire de Clifford Brandt junior, le kidnappeur, qui défraie la chronique depuis le lundi 22 octobre 2012 s’inscrit dans la décadence de la société haïtienne et fait pâlir l’histoire d’une famille qui a laissé sa marque dans la finance, l’agriculture et l’industrie. Dans un pays qui veut que seule la politique soit fertile et où les citoyens sont convaincus que c’est l’unique endroit à semer pour récolter sans attendre. La mentalité de l’argent facile s’est développée avec le narcotrafic et  son corollaire, le kidnapping contre rançon.

Clifford Brandt junior s’est laissé glisser sur cette pente dangereuse. Ce faisant, il a délaissé la civilisation en ne contrôlant pas ses pulsions d’agressivité. Elles se sont relâchées au point de le conduire au crime. C’est dans une atmosphère d’indignation et de réprobation générale que le kidnapping des deux jeunes Moscoso a été accueilli. Aucune humanité ne peut être construite avec des pratiques relevant de la mentalité des fauves. En attendant de comprendre cette économie affective, il s’est enfermé lui-même dans le cycle de la violence et de la terreur. On ne saurait innocenter les criminels individuels qui terrorisent les familles dans des kidnappings en série depuis près d’une décennie. Les enlèvements et séquestrations sont devenus monnaie courante depuis 2005.

Des hommes sans foi ni loi

La société haïtienne surfe sur le crime impuni depuis sa naissance. Un groupe de tueurs a organisé des massacres systématiques depuis ceux des Français en avril 1804, de Germain Pico en 1805 et de Dessalines en 1806. Un petit groupe a kidnappé le pays en exploitant la paysannerie systématiquement. On lui a pris la production de café, de sucre, de coton, etc. et on lui a donné en retour de la monnaie de singe. Dans ce kidnapping, il n’a pas eu accès à la santé, à l’éducation, au logement, à l’eau potable et à l’électricité. Comme le dit Vertus Saint-Louis « les habitations sont soumises aux commandants militaires, eux-mêmes placés sous les ordres des généraux comme Dessalines, nommés inspecteurs de culture. Les cultivateurs n’ont pas le droit de se déplacer sans permission, même pour se rendre au marché [10]. » Les paysans sont privés de la liberté de se déplacer d’une plantation à une autre. La nuit les bandes Zobop continuent l’ordre diurne en exigeant un laissez-passer. Sinon, c’est la mort !

L’étude de la société haïtienne depuis 1804 indique que les élites ont accepté de négocier leur position de « commandeur » en se vautrant dans la fange, entourées de sbires venus de la « meilleure » société sous Geffrard avec les Gibosiens et des bas-fonds sous Soulouque avec les Zinglins. Le kidnapping d’Haïti est consacré dès la dette de l’indépendance de 1825. La culture de la rente a développé une pourriture qui s’accumule. Dans les villes, des hommes sans foi ni loi ont imposé les mœurs vandales tandis que dans les campagnes leurs alliés ont promu la peur et la zombification. Registre d’une barbarie qui connaît des alternances dans le consensus du chen manje chen pour la destruction de l’Autre. Aversion et hostilité, affrontements et règlements de compte sont toujours au rendez-vous dans une culture de vendetta qui n’a rien à envier à celle des Siciliens ?

La pensée a été combattue. Le baccalauréat a été jusqu’à la fin des années 60 un lieu où les dissertations étaient écrites par les étudiants en trois heures sur une feuille double. L’élève était convoqué à penser sur un sujet qui lui était proposé. Mais la dégradation de l’enseignement a fini par convaincre les professeurs de ne plus donner une feuille double aux élèves. Dès la fin des années 1970, ces derniers recevaient une feuille simple pour consigner le fruit de leurs réflexions. Il a fallu trente ans pour éroder les valeurs éthiques du travail bien fait, de la rectitude et de l’honnêteté qui existaient dans la vie publique au profit de la débauche et l’hédonisme tèt kalé. Les certitudes ont dépéri et ce n’est plus avec de la poésie que l’on courtise une jeune fille. Le seul paramètre de la séduction et de la valeur, c’est l’argent, comme l’a souligné le président Martelly en comparant son fils Olivier aux avocats Newton Saint Juste et André Michel. La messe est dite !

La baisse du niveau de l’instruction (le moyen) s’est répercutée sur celui de l’éducation (la finalité). La constante dialectique entre ces deux niveaux s’est transmise dans la famille, les comportements individuels, bref dans la civilisation haïtienne. Exit le contrôle de soi et l’autolimitation. On se permet d’écrire n’importe quoi et de dire n’importe quoi. Tout devient vulgarité jusqu’aux plus hautes sphères de la société et du pouvoir politique. Cette acceptation n’est-elle pas la forme que prend le rejet des institutions scolaires, des valeurs, des mœurs ?

Le chaos de la réalité haïtienne s’est amplifié et la connaissance est en retard sur ce chaos. Le crétinisme qui s’est imposé pour gouverner la société haïtienne a des racines profondes. On les trouve chez ces dictateurs à la Sténio Vincent et François Duvalier qui, se voulant providentiels, refusent le pluralisme. On les trouve également chez ceux qui rejettent les 10plomes, 20plomes et autres plomes, et qui utilisent leur gouvernement charismatique [11] pour lancer le pays sur les voies de garage des industries en cavale. Situation d’autant plus grave que, comme le dit Norbert Elias, « le commandement peut échoir à des personnes qui jusque-là n’avaient pas grand-chose à dire [12]. »

L’orthographe élémentaire

Les discussions vont bon train sur le sort que la justice haïtienne réservera à Clifford Brandt junior surtout depuis les déclarations de son avocat Me Calixte Delatour qui ont provoqué un véritable tollé. Selon son défenseur, « il ne s’agirait pas d’un kidnapping mais plutôt d’un problème personnel [13]. »

Au cœur de la stratégie de la défense, on redécouvre des faits qui remontent à 2007 et qui ont aussi à voir avec la disparition-exécution de Robert Marcello, directeur du Centre national de passation des marchés publics. On se rappelle encore que Fritz Brandt et son fils David Brandt avaient été mis en prison par le commissaire du gouvernement Claudy Gassant en juillet 2007 sous le gouvernement de René Préval. Selon le commissaire Gassant, ils avaient été pris la main dans le sac pour une affaire de factures de douane. Il circule toutefois une autre version des motifs de cette arrestation intempestive.

Selon cette version, il s’était plutôt agi de mettre au pas les Brandt qui avaient repoussé une collusion que leur proposait le pouvoir. Le gouvernement Préval avait appuyé les concurrents de Brandt qui lui avaient promis de plus substantielles ristournes sur un contrat d’achats de véhicules. Brandt se croyait dans son bon droit en gagnant un appel d’offres ouvert où le moins disant décrochait le contrat. Il s’est alors fait de dangereuses inimitiés politiques avec les gangsters de l’entourage de Préval qui ne lui ont pas pardonné le culot de se défendre pied à pied contre les vœux du président. Il avait haussé les épaules, se croyant à l’abri des poursuites des chacals. Il avait oublié que dans la culture politique haïtienne, mettez n’importe quel quidam président et la population tombera à ses genoux.

À ceux qui leur disaient d’être prudents, de ne pas chercher une plage de sable ensoleillé à la montagne ni de faire la morale au président Préval, les Brandt avaient répondu qu’ils étaient des commerçants et pas des curés. Ce serait là le début de la mobilisation anti-Brandt qui s’est soldée par la mise en prison du père et du frère de Clifford Brandt junior. La lutte anti-corruption étant devenue un habillage de luxe pour les gouvernements contre leurs opposants. Les Brandt père et fils sont restés en prison jusqu’à ce qu’ils cessent de rouspéter.

Dans de nombreuses villes

On ne saurait écarter du revers de la main ces hypothèses d’explication du comportement de Clifford Brandt junior. Mais il faut admettre que même dans le cas où elles seraient justes, la décision de kidnapper les deux jeunes Moscoso est un remède pire que le mal. La famille Brandt ne saurait s’affranchir ni s’émanciper du carcan corrupteur de l’État marron en prenant le chemin du kidnapping comme revanche. Cela va à l’encontre du besoin de sécurité incompressible de l’être humain. C’est un principe intemporel et une logique éternelle pour l’existence et la viabilité de toute société.

Le procès de Clifford Brandt junior devrait servir de cadre pour l’évaluation du délabrement de la société haïtienne, du vide existant dans les esprits et de la disparition des valeurs. Depuis celles de l’orthographe élémentaire qui porte des écrivassiers à se balader sur les réseaux sociaux de l’Internet en écrivant n’importe quoi sans le moindre respect pour la langue et la logique jusqu’aux déclarations farfelues de la « diplomatie des affaires » qui reflète la folie des grandeurs d’un gouvernement pourtant hué et condamné par des manifestants dans de nombreuses villes du pays. Il faut entreprendre des travaux de rénovation, mais il faut surtout du neuf.

Depuis le procès de la Consolidation, l’État haïtien a raté toutes les occasions de faire preuve d’une détermination et d’une capacité d’instaurer la règle de droit dans ce pays. Qu’il s’agisse d’un simple citoyen accusé de vols de bétail ou d’hommes d’affaires puissants, d’adversaires ou de partisans bien placés du gouvernement, les procès intentés en Haïti ont toujours été une mascarade. On a encore en mémoire les procès bâclés de Luc Désir à la chute de Duvalier, de Roger Lafontant sous le premier gouvernement de Jean-Bertrand Aristide, de Léon Jeune, Claude Raymond et Prosper Avril sous René Préval. Le gouvernement actuel aura-t-il la sagesse et le courage de garantir aux accusés et à la société haïtienne le procès juste que toute la population appelle de ses vœux ?

Le décollage d’Haïti se fera au prix d’une rupture avec la tradition. Le moment est venu de montrer la possibilité d’une justice égalitaire, loin des brumes et épaisseurs organisant trafics et influences qui bloquent ou minent la confiance dans l’État de droit. Puisse l’attention sérieuse portée à ce procès inciter à une illustration du bien commun en montrant le triomphe d’une révolution mentale inscrite dans le sens de la modernité. Sinon, le gouvernement va au-devant d’affrontements périlleux, car la société est maintenant au bout du rouleau.

[1] Albert L. Rowe, « Prolétaires haïtiens », La Ruche, numéro 6, vendredi 1er février 1946, p. 2. Voir aussi Albert L. Rowe, « Un épisode dans les activités ténébreuses du criminel escroc Oswald John Brandt à la Banque royale du Canada », La Ruche, numéro 8, samedi 16 février 1946, p. 2. Lire enfin dans le même numéro du journal La Ruche l’article de Jean Jacques Ambroise, Luttes de classes.

[2] « Peuple Haïtien soutenez le Comité Exécutif Militaire », La Ruche, numéro 5, samedi 26 janvier 1946.

[3] Albert L. Rowe, « Prolétaires haïtiens », La Ruche, numéro 6, vendredi 1er février 1946, p. 2.

[4] O.J. Brandt peut être vu en bras de chemise dans la photo de la cérémonie de signature du prêt pour le bétonnage de la Grand-Rue, entouré des officiels Gérard Philippeaux, Michel Lamartinière Honorat, Hervé Boyer, Antonio André et Augustin Viard. Voir Daniel Supplice, Dictionnaire biographique des personnalités politiques de la République d’Haïti (1804-2001), 2001, p. 46.

[5] Jean Florival, La face cachée de Papa Doc, Montréal, Mémoire d’Encrier, 2007, p. 162-174.

[6] Aviculture en Haïti - Sur la problématique des micros, petites et moyennes entreprises du
secteur Agro-industriel en Haïti, Karibe convention center, Haïti, Mai 2007.

[7] Représentant la Banque Nationale de la République d’Haïti (BNRH).

[8] Leslie Péan, « Notes sur l’idéologie haïtienne, (le mulâtrisme-la culture du silence) », Haiti-Observateur, New-York, 16-23 août 1985, p. 20 et 23-30 août 1985, p. 18.

[9] Ertha Pascal-Trouillot, Encyclopédie biographique d’Haïti, en collaboration avec E. Trouillot, Québec, Editions Semis, 2001, p. 156.

[10] Vertus Saint Louis, « Le surgissement du terme "africain" pendant la révolution de Saint-Domingue », Ethnologies, Volume 28, numéro 1, 2006, p. 147.

[11] Max Weber, Économie et Société [1922], Paris, Plon, 1971.

[12] Norbert Élias, La société de cour, Paris, Flammarion, 1985, p. 124.

[13] « Haiti Probes Businessman for Alleged Kidnapping » Associated Press, ABC, October 25, 2012.

Saturday, October 13, 2012

Vision de Dessalines a travers la Constitution de 1801

by Norluck Dorange

Cette constitution proclamait la fraternité entre les Haïtiens, l'égalité aux yeux de la loi, la non-rétroactivité de la loi; elle punissait comme des crimes l'émigration et la naturalisation en pays étranger; l'émigration emportait peine de mort et confiscation des propriétés.

Nul n'était digne d'être Haïtien, s'il n'était bon père, bon fils, bon époux, et surtout bon soldat. Tout citoyen devait posséder un art mécanique. Toute acception de couleur était proscrite; mais, par antinomie, aucun blanc, quelle que fût sa nation, ne pouvait mettre le pied sur le territoire de l'empire à titre de maître ou de propriétaire. Les Haïtiens ne devaient avoir d'autre dénomination que celle de “ noirs,” toujours par antinomie.

Voilà la constitution de 1805, sous le rapport philosophique et physiologique; analysons-la sous le rapport économique.

Le territoire de l'empire était distribué en six divisions militaires; chaque général de division devait correspondre directement avec l'Empereur ou avec le général en chef nommé par Sa Majesté. La personne de Leurs Majestés l'Empereur et l'Impératrice etait sacrée et inviolable. La couronne était élective et non héréditaire, mais l'Empereur désignait son successeur de la manière qu'il le jugeait convenable.

L'Empereur et ses successeurs n'avaient pas le droit de s'entourer d'aucun corps de garde particulier et privilégié; si un empereur s'écartait du precedent article ou de tout autre consacré par la constitution, il était considéré et déclaré en guerre contre la sécurité générale. Alors les conseillers d'État devaient s'assembler pour proclamer sa déchéance et pourvoir à son remplacement.

L'Empereur avait le droit de faire et de promulguer la loi, de nommer et de révoquer à volonté tous les fonctionnaires publics, de diriger les recettes et les dépenses de l'État, de déclarer la guerre et de faire la paix.

Toutes les forces de terre et de mer de l'empire étaient sous son autorité suprême; mais il ne devait jamais former aucune entreprise contre les colonies étrangères.

Le conseil d'État ne se composait que des généraux de division et de brigade; aucun citoyen de la classe civile ne pouvait être membre de ce conseil.

Il n'y avait dans l'empire que deux ministres et un secrétaire d'Etat. Le ministre de la guerre avait
le département de la marine ; celui de l'intérieur, le département des finances; le secrétaire d'État travaillait directement avec l'Empereur.

Les délits militaires étaient soumis à des conseils spéciaux dont l'organisation appartiendrait à l'Empereur, qui, de plus, prononçait sur les demandes en révision.

Aucune religion ne dominait, tous les cultes étaient tolérés.

Si, au décès de l'Empereur régnant, le conseil d'État sentait la nécessité de réviser la constitution, c'était à lui à s'assembler à cet effet. Les crimes de haute trahison, les délits commis par les ministres ou par les généraux, devaient être jugés par un conseil spécial nommé et présidé par l'Empereur.

Toutes les propriétés appartenant aux blancs Français étaient incontestablement et de droit con-fisquées au profit de l'Etat.

Dans chaque division militaire on devait établir une école publique.

Cinq fêtes nationales étaient fondées :- celles de l'Indépendance, de l'Empereur, de l'Impératrice, de l'Agriculture et de la Constitution.

Enfin, l'article 28 et dernier proclamait « QU'AU PREMIER COUP DE CANON D'ALARME, LES VILLES DISPARAÎTRAIENT ET LA NATION SE TROUVERAIT DEBOUT. »

Commentaires de ST REMY… Telle fut la fameuse constitution de 1805 : exorbitante dans toutes les attributions qu'on donnait à l'Empereur, contraire, sous tous les rapports, au progrès du droit public.;

Source: SAINT-REMY, in Petion et Haiti pages 83-84-85-86

Sunday, September 16, 2012

Lamothe donnerait-t-il au peuple un Dolostop ou un Saridon pour sa Tumeur Cérébrale...


Le premier ministre Haitien, Laurent Salvador Lamothe,  a annoncé vendredi dernier qu'il va importer 300.000 sacs de riz pour faire chuter le prix du produit sur le marché. Et ainsi, soulager cette crise alimentaire dans le pays. Une mesure que je surnomme "Namphytique" (Henri Namphy), et Aveugle (Sans Vision objective).  

D'abord il y a lieu de comprendre que "La faim" dans un pays, n'est pas essentiellement un problème en soi, à part d’être une crise mondiale due à la volatilité des prix des denrées alimentaires, elle est aussi la résultante d'une série d'irresponsabilité d'état accumulée sur des Années. La famine va de pair avec le sous-développement
.


Pour approcher la Famine, il est nécessaire d’ébaucher et construire une politique et non pas seulement des mesures d'urgence et conjoncturelles, qui dans la majeure partie des cas, sont contradictoires à une politique nationale d'autosuffisance alimentaire sur le long terme. 
C’est comme creuser sa propre tombe ou commencer à scier la branche sur laquelle on est assis.




Dans la situation actuelle, il est nécessaire de savoir que cette crise de panique est fondamentalement psychologique. Il est dangereux de se laisser porter à agir émotionnellement et prendre des solutions de paniques. D'abord une solution à portée psychologique serait fortement considérée. Une du genre
 "Renouvellement d'une bonne partie du Gouvernement. Renvoyer les Délégués départementaux des zones revoltées" 


Se refaire la Peau serait comme un message claire:
 "On travaille pour vous. On cherche des Solutions et des résultats. Ayez un peu de Patience. "



Immédiatement après, il serait intéressant l'annonce:

1) Programme Universel d’Alimentation Scolaire



2) D'une Subvention orientée vers l'élevage et la production d'œufs (producteurs non importateurs). - Encourageant sur deux ans, avec des partenaires nationaux ou voisins, la production d'oeufs sur le territoire National avec des Extensions d'impôt allant de 6 jusqu'à 10ans (pas d'impôt). 



3) Une Assistance soutenue pour les zones productrices de Vivres et de légumes.



4) Assurer dans deux ans qu'il y ait des vivres, légumes, oeufs et lait ou autre disponibles à prix dérisoire et accessible sur les marchés de tout le territoire.



5) Très importante, Une Réorientation de la forme et le contenu de l'alimentation du peuple vers des produits moins chers (La presse doit jouer son rôle) .



6) Après une évaluation de ce qui pourrait nous manquer... On peut toujours tenter de réduire un peu sur les impôts de certains*** produits alimentaires définis par l’Etat.



7) Le tout vers une réduction drastique de la consommation des produits chers et importés sur 3 ou 4ans. (Car la flambée des prix des produits alimentaire s’observe également sur le Marché international). « Investiguons un peu la situation de la Faim en Espagne ».

Nos prix sont déterminés par des producteurs de l'étranger.



Sur le moyen Terme :

1) Financement de quelques raffineries de riz pour certaines Zones.


2) Relancement des Magasins de l'Etat.


3) Centre d'Alimentation quotidienne Gratis.
4) Des politiques solides et stables sur les investissements agricoles.


Sur le Long terme :

1) des projets de développement agricole durable bien ancrés dans les populations.

 2) Il faut créer des infrastructures routières, ferroviaires, portuaires, là où elles sont largement ou totalement déficientes

 3)  La bonne gouvernance » est un élément crucial pour une solution durable du problème. 

 4) Contrôle de notre désordre démographique (Plus de bouches à nourrir).

 5) Lutte contre la désertification du Sol et pratiques agricoles intensives


Mais ces Mesures d'importations de 300.000 Sac de riz sont comme donner "Dolostop ou Saridon à une tumeur de Cerveau*" (dixit Daly Valet).



Après qu'on ait fini de les consommer qu'allons-nous faire après – 
Le problème de La faim s'estompera-t-elle? Ou  Importera-t-on 600.000 de plus?

A suivre...


Mirvaldy B. Joseph