Malgré les tristes constats relatifs à nos leaders, Je ne suis pas défaitiste autant que certains au point de dire que les Haïtiens ne peuvent pas changer les choses de l'Etat. Le problème est au niveau du type d'hommes que nous hissons au pouvoir. Les Chefs d’Etat ont tellement réduit la présidence en un cirque de vagabondage, des gens sérieux ne veulent plus s’associer au pouvoir par crainte de souiller leur nom. Autrefois, on a eu des leaders de la trempe de Dumarsais Estimé qui était un grand homme d’Etat. A travers les années, on a vu ses œuvres s’éclipser des yeux, délabrées, dégénérées. Le bicentenaire était devenu une zone de non droit, occupé par des bandits et abandonné à son sort. On peut toujours avoir d'autres Dumarsais Estimé. Diriger un pays n'est pas une affaire d'apprentis ou de jeux de casinos, c'est une fonction élevée qui nécessite des esprits élevés pour développer des stratégies appropriées et qui réfléchissent sur les moyens de traduire leur vision en réalité. L’essentiel pour nous, c’est d’avoir la capacité de pouvoir déterminer la vision d’un potentiel dirigeant. Un bon dirigeant est une personne dont l'esprit est toujours occupé à projeter pour le présent, le futur et pour le bien-être de son peuple des réalisations nobles. Il n'est pas différent d'un père ou mère de famille qui élève ses enfants et qui planifie pour eux. Un dirigeant sérieux n'hésitera pas à faire un recensement de la population après un séisme de cette envergure pour une meilleure planification.
L'exemple des gouvernements chez nous prouve que ces « hommes d’état » qui ne portent pas leur nom accordent peu de temps à la réflexion des choses de grandeur pour le pays et à la planification des objectifs à réaliser pour son avancement. Ils passent la majorité de leur temps à consolider leur pouvoir à travers le mal. Ce sont des gens petits et de peu d’esprits qui détiennent un pouvoir et ne savent pas comment le gérer. Le mal en eux assorti de la perversion qui les habite, les dirige de façon égarée et voilée, tout en entrainant le pays vers l’abime sans la moindre gêne. D’un autre côté, la pauvreté et l'écart entre les classes développe chez l'haïtien moyen un sentiment de désabusé et de méfiance et voire même de haine, malgré son niveau d'instruction. Ces sentiments malheureusement très souvent précèdent la raison. C'est pourquoi il est difficile pour certains de gérer et admettre la vérité ni produire des réflexions saines capable de faire avancer les débats. Tout est en fonction de leur « moi ». cet echantillon d'activistes se laissent guider par leur frustration pour se venger de leur passé souvent précaire plutôt que construire le futur. Ce sont ces gens-là qui s’engagent dans toutes sortes de mouvement (kombite ceci et kombite cela) et qui sans conviction font défection contre son mouvement ou pour un autre a la faveur d’une offre plus attirante ailleurs. On ne peut compter sur eux pour faire les meilleurs choix en faveur de la nation.
En Haïti, et contrairement aux autres pays là où le savoir et l’intellect sont valorisés, plus ils sont des intellectuels, plus ils sont marginalisés. C’est pourquoi un vrai intellectuel aurait du mal à se faire élire. D’ailleurs, ils se moquent même des intellectuels alors qu’un chanteur de Compas ou un quidam sans la substance est plus apte à entrainer la foule. Dans certains cas, le problème n’est pas seulement au niveau de l’absence en éducation de la majorité, mais au niveau d’une mentalité sous développé parmi les plus instruits au pouvoir qui est incompatible à la formation reçue. On dirait que la formation académique n’a eu aucun impact sur la mentalité de nos hommes au pouvoir. C’est cette mentalité de sous-développé qui régit encore le comportement d’une catégorie de « leaders ». Finalement, tant qu’ils n’ont pas appris un concept, un devoir, un comportement, le savoir-faire, et etre force a les appliquer, ils demeurent esclaves de leurs habitudes et de leurs mœurs malgré un ou des diplômes. Au résumé, qui sont ceux qui réfléchissent pour le pays?
Partout dans le monde et dans les pays avancés, ceux qui sont à l'avant garde de la politique de leur pays ne sont pas des semi-illettrés. La profession exige un certain standard, un certain prestige, un protocole, une haute moralité et la connaissance. Sans la connaissance, un chef d’état ne saurait planifier la production nationale, analyser et créer des marchés, projeter des rendements à long terme, obtenir et évaluer des résultats. La présidence n’est pas une affaire de vengeance, ni de faveur populaire, c’est l’institution par laquelle les chefs d’Etat développent des moyens de création d’emplois, de générer une croissance économique de manière à mieux investir dans les services sociaux. Aucun président ne saurait transformer la situation du peuple s’il n’est pas capable de transformer l’économie de son pays. Il n’est donc pas question de promouvoir une démocratie avec un peuple qui ne sait même pas qu’avoir une douzaine d’enfants sans pouvoir les nourrir n’est pas la meilleure façon de survivre. De même, l’histoire nous aura appris que ce n’est pas parce qu’on est issu de la masse qu’on se penchera sur les problèmes du peuple majoritaire. Ce n’est pas non plus parce qu’on est issu de la bourgeoisie qu’on soit insensible aux problèmes de la majorité. L’idée, ce n’est pas de choisir un Président en fonction de sa classe sociale ou la couleur de sa peau mais en fonction de sa capacité à venir avec des plans, des objectifs valables et de les exécuter pour le bien de la nation. Un bon Président, c’est celui qui mettra les intérêts du peuple et du pays avant les siens. C’est aussi celui qui n’hésiterait pas à prendre des mesures pour réaliser des objectifs de développement fixes parmi lesquels Réduire l’extrême pauvreté et la faim. Il est certain que l'équipe au pouvoir malgré les bonnes volontés affichées n''est pas préparée pour relever ce défi. Elle ne sait pas comment faire! C'est à ce stade où nous nous situons actuellement. Le "wait and see" a trop duré.
Emmanuelle Gilles
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